LA DEPORTATION A BORDEAUX
Fabien Colombo - Konstantin Kuhn
I- Bordeaux : à la recherche des lieux de l'internement
La stèle de Mérignac-Beaudésert
La maison des déportés de la famille de Jean-Marie Matisson
II- L'interview de Jean-Marie Matisson
Pour notre TPE, nous nous sommes intéressés à la déportation dans la région de Bordeaux. Nous voulions retourner sur les lieux qui ont servi à la déportation, et voir ce qu'il en restait et si un travail de mémoire avait été mis en place par la mairie de Bordeaux. Ou s'il existait encore un tabou sur cette période noire qu'a connu cette ville.
Pour mieux comprendre le rôle que Bordeaux a joué dans la déportation nous avons fait appel aux connaissances de Jean-Marie Matisson, une des parties civiles dans le procès Papon. C'était la première fois qu'il allait voir les camps d'internement et se recueillir sur ces lieux de mémoire. Alors qu'il passe la plupart de son temps à Bordeaux. Il était important pour nous d'élaborer cette construction à partir de nos propres documents. Afin de mieux exprimer notre ressenti.
BORDEAUX : à la recherche des lieux de l'internement (le 9/04/05)
Visite des lieux importants dans le rôle de la déportation à Bordeaux. Les personnes présentes étaient: Jean Marie Matisson, Madame Mallard et Fabien Colombo. Nous partons du Fleix à 14h, sans vraiment savoir à quoi nous allions être confrontés, nous décidons de commencer par le camp de Mérignac.
La stèle de Mérignac - Beaudésert :
Nous avons du mal à trouver la stèle, nous sommes dans une zone commerciale, nous arrivons à la trouver à un rond-point où nous étions déjà passés.
Il ne reste aucune trace apparente des trois camps. La stèle a été inaugurée en 1985, ce qui explique pourquoi le nombre des victimes est inexact. La stèle est bien entretenue, mais aucune fleur n'est déposée dessus, et elle parait quelconque et invisible aux yeux des gens qui passent à côté d'elle. La zone industrielle s'est construite sur ces lieux, un hôtel a même été bâti sur l'ancien camp d'internement.
Jean-Marie Matisson nous explique que les camps étaient gardés par des policiers français volontaires. Nous prenons quelques images de la stèle et des lieux où nous nous trouvons et nous décidons de partir vers le fort du Hâ.
Nous sommes dans le centre de Bordeaux, le Fort du Hâ qui est devenu une école de magistrature, est plus facile à trouver que la stèle.
Plus facile à trouver mais il reste inaccessible de l'extérieur, car toutes les grilles sont fermées, ce qui était normal pour un fort datant du Moyen Age, mais nous sommes en 2005.
Nous prenons quelques images de l'extérieur du fort qui a servi de camp d'internement. Le drapeau français flotte devant les remparts du fort.
Nous essayons de rentrer et nous faisons le tour et par chance un portail s'ouvre, nous décidons de rentrer. Seul problème, nous avons peur de rester enfermés à l'intérieur. Donc quelqu'un reste devant la cellule électronique pour ne pas que le portail se ferme.
Une fois à l'intérieur, nous demandons à quelqu'un qui travaille dans l'école de magistrature, s'il sait où se trouve le mémorial. Il semble ignorer totalement l'existence de ce mémorial, et donc du rôle qu'a joué ce fort dans la déportation. Nous continuons notre chemin, et nous passons devant des camionnettes de police. Il y en avait il y a plus de 60 ans, mais elles servaient à arrêter et à transporter les déportés.
Nous arrivons à trouver le mémorial.
Un drapeau tricolore flotte au dessus des roses créées par l'amicale de Ravensbrźck, en souvenir des déportés.
Une plaque commémorative est fixée sur le mur, et une autre à côté des fleurs.
Nous prenons des photos. Puis nous arrivons à sortir, grâce à la personne qui était restée à l'extérieure devant la cellule électronique. Il est impossible pour les personnes qui veulent se recueillir sur ces lieux d'y pénétrer.
Nous nous dirigeons vers l'ancienne maison de membres déportés de la famille de Jean-Marie Matisson.
La Maison des déportés de la famille de Jean-Marie Matisson
Nous sommes au numéro 28, les membres de sa famille vivaient au 3ème étage.
Comme si les coïncidences entre le passé et le présent ne suffisaient pas, de l'entrée de la maison on peut voir une église, et une statue, au sommet, nous tourne le dos.
Comme si c'était la représentation physique du silence de l'Eglise lors de la déportation.
Nous partons pour la Synagogue.
Les déportés juifs ont été enfermés dans la synagogue pendant plus d'une semaine, le seul enfant qui a été sauvé est Boris Cyrulnick qui est maintenant ethnologue et neuropsychiatrique renommé. II a été adopté par l'infirmière qui l'a fait sortir de la synagogue, elle a été aussi partie civile lors du procès Papon.
Nous voyons sur le mur de la synagogue les noms des déportés, mais il en manque plus de 700. Jean-Marie Matisson a déjà écrit plusieurs fois pour rajouter ces noms.
La Journée s'est finie après cela. Nous avons pu remarquer que même si la ville de Bordeaux a construit des lieux de commémoration, mais ils ne sont pas connus du grand public et difficiles d'accès.
II. L'INTERVIEW DE JEAN-MARIE MATISSON
Pour compléter cette visite à Bordeaux et aborder le rôle qu'elle a joué durant la Seconde Guerre mondiale. Nous avons aussi voulu savoir quel impact avait eu le procès Papon sur la société française. Nous avons organisé l'interview de Jean-Marie Matisson, partie civile au procès Papon, le 15/04/05 dans la salle de lecture du CDI.
Les questions de l'interview :
1- Pensez vous qu'il y ait un travail de mémoire sur la déportation des juifs en France ? En quoi est-il nécessaire, et par quel moyen ?
2- Contrairement à Nuremberg, il a fallu attendre des années avant de juger Papon, ces années de silence n'ont-elles pas cultivé la notion de tabou de cette période noire de l'Etat français ?
3- La décision de relâcher Papon ne prouve-t-elle pas que le gouvernement français a un double discours? Car Jacques Chirac reconna”t en 1995, la collaboration de la France dans les déportations et en juillet 2002 Papon est relâché.
4- Quel impact le procès Papon a-t-il eu sur la société française ? A-t-il modifié les esprits ?
5- Pensez vous, que du fait que Papon ait été relâché, la mémoire ne pourra commencer qu'à partir de sa mort? Mais, cela voudra-t-il dire qu'il n'a pas réellement payé pour ses crimes ?
6- Selon vous, diffuser le procès Papon sur la cha”ne Histoire, était-il un commencement de la prise de conscience collective ?
7- Un film, sous la forme de témoignages et de reconstitutions comme le film Shoah est-il une bonne manière pour cultiver cette mémoire ? Si non, comment voudriez vous travailler la mémoire?
8- Attendez vous plus du gouvernement français dans cette prise de conscience ?
9- Avez-vous lu beaucoup de livres sur le monde concentrationnaire ? Si non, pour quelles raisons ?
Pour des raisons techniques, cette interview, pourtant filmée, ne peut être diffuser. Il a cependant été possible de récupérer la bande-son.
Ce TPE nous a permis de mieux comprendre quels impacts a eu le procès Papon sur notre société, et le rôle de Bordeaux dans la déportation. Mais surtout de comprendre que les formes de communautarisme dans nos sociétés peuvent être la source des différents racismes. Comme nous le voyons dans l'interview, travailler sur des crimes contre l'humanité nous amène forcément à parler de la situation de notre monde et ses conflits. Mais, de plus, nous avons compris que le travail de Mémoire est indispensable pour l'avenir. Afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs, mais aussi pour ne pas oublier les victimes de ces différentes folies humaines.
Nous tenons à remercier pour ce TPE :
- Jean-Marie Matisson, pour son aide et ses connaissances sur le sujet, et qu'il ait eu l'amabilité de nous consacrer du temps.
- Laurent Delord, qui nous a aidé à récupérer nos documents, et à les mettre sur le CD-Rom.
- Madame Mallard qui nous a permis de rencontrer ces deux personnes et qui nous a aidés tout au long du projet.