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La Seconde Guerre mondiale, ils ont commencé à l'étudier au collège. Et, comme n'importe qui, ils n'ont pas manqué de découvrir différents reportages sur cette tragique période pour l'humanité. Sur le petit écran, ils ont également pu voir des films sur la question. Alors, quand on leur a demandé s'ils souhaitaient travailler plus en profondeur sur le sujet, plus précisément les camps de concentration et le devoir de mémoire, ces élèves du lycée professionnel Joseph-Cugnot de Chinon (première année de BEP conduite routière) ont répondu par l'affirmative, avec leurs professeurs Claudine Guérin (lettres et histoire) et Olivier Kappes (anglais), à la sollicitation de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (*). C'était en septembre dernier. |
Quelques semaines plus tard, la bonne nouvelle tombait : leur projet pédagogique avait été retenu parmi plusieurs dizaines d'autres dossiers présentés dans l'académie Orléans-Tours.
Lycéens et enseignants n'ont pas ménagé leurs efforts depuis. Ils ont étudié (et continuent à le faire) ces années de conflit. En janvier, ils ont rencontré Raoul Dhumeaux, qui fut déporté à Mauthausen. Le mois dernier, déplacement au Mémorial de la Shoah, à Paris.
Et, il y a quelques jours, une vingtaine de ces lycéens, encadrés de trois adultes, se sont envolés depuis Tours jusqu'en Pologne, jusqu'aux camps d'Auschwitz et de sa région.
Sur place, ils ont découvert les vestiges de l'horreur humaine : fours crématoires, étuves, chambres à gaz ou encore toutes sortes d'objets ayant appartenu à des déportés, retrouvés lors de la libération des camps.
Les Chinonais ont été guidés par Irène Hajos, déportée en 1944 car elle était juive hongroise. Elle avait été internée avec toute sa famille (parents, frères et sœurs, oncle et tante, cousins) : elle en est la seule survivante. Malgré ses 84 ans, et ses difficultés pour marcher, « elle continue à témoigner », souligne Claudine Guérin.
Les lycéens ne sont pas restés insensibles à ce déplacement en Pologne. Ce qui a le plus marqué Julien : « Passer sous cette inscription 'Arbeit macht frei' (le travail rend libre), que j'avais vue jusqu'à maintenant en photos, m'a fait bizarre. Je me suis mis dans la peau d'un déporté. » Même stupéfaction pour Bastien : « On peut mieux imaginer, en voyant un camp comme celui-là, les atrocités qui ont pu se dérouler pendant la guerre. »
Vivien, lui, apprécie mieux désormais l'étendue de la barbarie nazie : « Malgré toutes les photos et différents films sur le thème de la déportation […] je reste totalement étonné de l'immensité du camp d'Auschwitz-Birkenau ». Et Quentin de conclure : « J'ai juste un mot à dire à ces gens qui ont été massacrés, torturés, tués. C'est le mot respect ! »
Durant la visite des camps, une minute de silence a été respectée devant le monument d'Auschwitz-Birkenau. Il y avait « les gens du Mémorial, des déportés et les jeunes. Pas un mot. Les lycéens baissaient la tête et ne bougeaient plus » en signe d'hommage, souligne Mme Guérin qui ajoute qu'il a alors été demandé aux Chinonais de « prendre le relais », de « devenir les témoins des témoins ».
Le travail des lycéens ne s'arrête pas là. Avec leurs enseignants, ils vont poursuivre leurs recherches. Un CD-rom est même envisagé pour témoigner. En attendant, ils vont de nouveau fouler des terres de l'horreur : le camp de la Lande, à Monts, ainsi que le village martyr de Maillé ou encore le camp de Montreuil-Bellay.
William RICHARD
(*) catastrophe en
hébreu.