Ancien résistant, Roger Fichtenberg est décédé à l’âge de 98 ans

Roger Fichtenberg, ancien élu parisien, grande figure de la Résistance juive pendant la Seconde guerre mondiale est décédé à l’âge de 97 ans le 22 septembre 2019. Résistant dans le Sud-Ouest de la France, il avait été conseiller municipal du XIe arrondissement de Paris et conseiller régional d’Île-de-France. Le Mémorial de la Shoah lui rend hommage.

 

Né le 20 octobre 1921 dans le 11e arrondissement de Paris, Roger Fichtenberg grandit dans une famille de Français israélites, laïques et républicains. Roger effectue sa scolarité dans le 11e arrondissement au lycée Voltaire, puis à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris. La fin de l’insouciance arrive avec l’invasion de la France par l’armée allemande en mai 1940. Puis, c’est l’Exode, les Fichtenberg quittent Paris pour l’Allier en juin 1940. Ils sont consternés par la nouvelle de l’armistice la publication du statut des Juifs d’octobre 1940.

Roger Fichtenberg racontait : « Avec ma famille, nous nous sommes réfugiés à Lapalisse, près de Vichy. Recruté par Henri Wahl, René Klein et Théo Klein, je suis aux Éclaireurs Israélites de France. J’ai alors participé à des camps de chefs et créé une troupe d’Éclaireurs à Lapalisse. En mars 1942, je fus appelé pour accomplir mon service dans les Chantiers de Jeunesse, mais finalement expulsé car Juif, cinq mois plus tard. En août 1942, lors des rafles en zone sud, Robert Gamzon (Castor), commissaire national des EIF m’a envoyé à Moissac (Tarn-et-Garonne) où j’ai participé aux premières opérations de sauvetage et de planquage des jeunes juifs menacés d’arrestation. En novembre 1942,  je fus envoyé à Perpignan pour favoriser les évasions d’internés du camp de Rivesaltes et munir les évadés de faux papiers. En décembre 1942, j’ai pu convoyer des jeunes vers la Suisse (dans la région d’Annemasse). J’ai alors pris une fausse identité et je suis devenu Jean-Pierre Lederne (un camarade de lycée). En janvier 1943, j’ai à nouveau conduit des groupes vers la frontière espagnole, dans la région d’Oloron-Sainte-Marie ».

En mars 1944, Roger s’engagera dans l’Armée Secrète et sera affecté deux mois plus tard à l’État-Major des F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) du Lot-et-Garonne. Il participera aux combats de la libération d’Agen et occupera la Préfecture le 19 août 1944.

Roger a tenu pendant toute la période de la guerre un journal codé.

Après la guerre, Roger Fichtenberg devientl’un des dirigeants du Cojasor, qui accueille les rescapés de la Shoah. Il apprend ensuite le métier de confectionneur et fait carrière dans l’industrie textile avant de s’engager en politique dans les années 1950 au sein des radicaux de gauche. Il sera élu municipal à Paris et à la Région Ile-de-France pendant de nombreuses années.

En 2015, il a publié son témoignage de jeune résistant juif dans la collection « Témoignages de la Shoah » aux éditions FMS / Le Manuscrit : Journal d’un résistant juif dans le Sud-OuestOn y découvre l’action remarquable d’un « héros tranquille et modeste », selon les mots de Serge Klarsfeld.

Roger Fichtenberg est fait chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1983 puis officier en 2001. Il reçoit également les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en 1990, puis ceux d’officier 2014. En 1996, il entre dans l’Ordre des Palmes académiques.

Toutes nos pensées vont à ses proches.