le sens des mots : Un centre de mise à mort

Un centre de mise à mort…
Est considéré comme un lieu vers lequel sont acheminées des populations afin de procéder à leur assassinat dès leur arrivée sur site.
Quand et comment l’expression est-elle apparue ?
Dans Histoire de la destruction des Juifs d’Europe (1961), Raul Hilberg, à l’origine de cette expression, donne une définition de cette notion privilégiant la dimension technique et géographique. Il limite l’acception à six centres situés en territoire polonais dont la spécificité est de procéder à des opérations de gazage pour assassiner les populations :
-Auschwitz-Birkenau
-Belzec
-Chelmno
-Majdanek
-Sobibor
-Treblinka
Près de 2,7 millions de Juifs y furent assassinés dont près de 1 million à Auschwitz-Birkenau où furent déportés la vaste majorité des Juifs de France.
Une définition qui a évolué
Les études les plus récentes invitent à prendre en compte une diversité de lieux qui correspondent à autant de centres de mise à mort. Plusieurs se distinguent effectivement par le regroupement et l’assassinat planifié des Juifs.
En Lituanie, à Ponar, près de 80.000 Juifs de Vilnius sont tués de décembre 1942 au printemps 1944 ; à Babi Yar, en Ukraine, 33.771 Juifs furent massacrés les 29 et 30 septembre 1941 par les nazis et leurs collaborateurs ; près de 900 Juifs du convoi 73 furent acheminés au fort IX de Kaunas en Lituanie et assassinés ; 22 survécurent.
Centres de mise à mort et camps d’extermination
Ces centres de mise à mort sont parfois désignés comme « camps d’extermination ». L’usage de cette expression peut porter à confusion.
Un camp suppose un regroupement de populations inscrit dans une durée – aussi brève soit-elle – et non un assassinat immédiat : ce fut pourtant le cas pour les Juifs d’Europe dans le cadre de la « Solution finale » et des handicapés mentaux et physiques au moment de la mise en œuvre de l’opération T4 (1939-1941).
Un centre de mise à mort , ce n’est pas…
Un camp de concentration. Le système concentrationnaire nazi, marqué par l’ouverture du camp de Dachau en mars 1933, ne s’inscrit pas dans une logique d’assassinat immédiat des populations. Les camps de concentration sont des outils de rééducation par le travail forcé. Les victimes de la Shoah constituent une minorité à être internées dans les camps de concentration. Elles sont en effet assassinées lors de fusillades massives à l’Est, dans les centres de mise à mort – après leur sélection comme ce fut le cas lors de l’arrivée à Auschwitz – ou victimes de la politique de ghettoïsation des nazis.
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