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Nul droit, nulle part : journal de Breslau 1933 – 1941 de Willy Cohn
Historien, Willy Cohn est l’une des figures intellectuelles majeures de la Breslau juive de l’entre-deux-guerres. Préoccupé par le cours des choses dès l’avènement de Hitler, Willy Cohn se fait pour sa descendance, comme pour la postérité au sens large, le chroniqueur du destin des Juifs et du judaïsme avant ce qu’il pressent devoir être la fin d’un monde, le sien et celui des siens.
Il consacre donc toutes ses forces, jusqu’aux dernières heures avant sa déportation, à écrire et fait en sorte de remettre en lieu sûr un témoignage qui s’avère exceptionnel. Il le fait en historien, qui enregistre les restrictions des droits, les spoliations, les privations ; en Juif allemand, qui tient désespérément à l’Allemagne pour laquelle il a combattu durant la Première guerre mondiale ; en homme pieux qui croit à la force de l’histoire juive, il fait part des contradictions qui le minent, de ses hésitations sur la conduite à tenir : fuir ou non, que faire en Palestine ? Il n’eut pas le temps ni les moyens de partir et fut assassiné avec sa seconde femme et leurs deux fillettes à Kaunas en Lituanie, tandis que sa première femme fut gazée à Auschwitz.
Avec cette version abrégée, le Journal de Breslau ici présenté nous livre un document précieux, que la presse allemande a comparé au témoignage de Victor Klemperer, et qui a eu un retentissement immense à sa parution. Il nous fait prendre exemplairement la mesure de ce que fut la destruction programmée des Juifs en Europe sous le nazisme.
Né en 1888 à Breslau, alors ville du Reich, (aujourd’hui Wroclaw en Pologne), Willy Cohn enseigne l’histoire au lycée et se consacre à des recherches sur l’histoire de la Sicile à l’époque normande. Ses ouvrages font aujourd’hui encore référence. Politiquement engagé, il écrit notamment des biographies sur Marx, Engels, Lassalle, et rédige des articles sur l’histoire juive. Il a également laissé des Mémoires.
« VICHY, LES FRANÇAIS ET LA SHOAH – UN ÉTAT DE LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE »
(Revue d’histoire de la Shoah, n°212, ed. Mémorial de la Shoah, octobre 2020)
sous la direction de Laurent Joly (CNRS)
Pour son deuxième numéro émanant du nouveau comité de rédaction dirigé par Audrey Kichelewski et Jean-Marc Dreyfus, RHS – Revue d’histoire de la Shoah, plus ancienne revue scientifique sur le sujet, témoigne de la vitalité et de la richesse de la recherche internationale sur la Shoah. En 1945, face à l’épuration, les dirigeants de Vichy, Pétain et Laval les premiers, avaient ainsi justifié leur politique contre les Juifs : Vichy a évité aux Juifs de France le sort des Juifs de Pologne ; sa politique était guidée par le désir de protéger les Juifs français, quitte à sacrifier les Juifs étrangers pour donner le change ; et c’est grâce à cette politique que la majorité des Juifs ont survécu en France…
Oneg Shabbès, Journal du ghetto de Varsovie de Emanuel Ringelblum
(Traduit du yiddish par Nathan Weinstock et Isabelle Rozenbaumas)
Emanuel Ringelblum et quelques Juifs du ghetto de Varsovie mettent en place une équipe de collecte d’informations et de documents qui se réunit chaque samedi sous le nom d’Oneg Shabbat (Oneg Shabbès en yiddish), « la joie du shabbat ». Dans le même temps, Ringelblum tient un Journal, rédigé en yiddish. Au fil des mois, la description de l’effroyable misère organisée par les Allemands prend le dessus. S’impose aussi la description (et la colère froide qui l’accompagne) de la trahison d’une partie des classes dominantes juives, de la bassesse de beaucoup, de la trahison d’une poignée. Mais l’auteur met aussi en lumière la solidarité et la vivacité de la résistance culturelle à ce martyre. La présente traduction de ce manuscrit retrouvé à la Libération comprend l’intégralité des chroniques quotidiennes de Ringelblum.
Journal 1943-1944 de Leïb Rochman
(Traduit du yiddish par Isabelle Rozenbaumas, éd. Calmann-Lévy/coll. Mémorial de la Shoah, février 2017)
Leïb Rochman (1918-1978), l’auteur du chef-d’oeuvre À pas aveugles de par le monde, rédige son Journal entre 1943 et 1944 alors qu’il (sur)vit caché avec sa femme, sa belle-soeur et deux amis derrière une double cloison dans la ferme d’une paysanne polonaise, puis dans une fosse creusée dans une étable. Leïb Rochman et ses compagnons entendent le monde extérieur, en particulier les conversations de leur hôte avec des villageois voisins qui déplorent de ne plus trouver de Juifs à livrer à la mort en échange de quelques kilos de sucre. Outre sa beauté littéraire, ce témoignage est l’un des plus puissants récits sur la Shoah dans les campagnes polonaises.
Carnets de clandestinité – Bruxelles, 1942-1943 de Moshé Flinker
(Traduit de l’hébreu par Guy Alain Sitbon, éd. Calmann-Lévy/coll. Mémorial de la Shoah, février 2017)
À 16 ans, Moshé Flinker quitte les Pays-Bas avec ses parents et ses six frères et soeurs pour tenter d’échapper aux persécutions nazies. Arrivé à Bruxelles, il commence à écrire son journal en hébreu. Fin connaisseur de l’histoire juive, fort d’une foi profonde, ses écrits sont animés de la conviction que la création d’un État juif sur la terre ancestrale est la seule réponse possible à une tentative d’extermination unique dans l’histoire. Son Journal se termine le 19 mai 1943 par ces mots : « J’ai l’impression d’être mort. Me voici. » Le 19 mai 1944, il est déporté à Auschwitz et disparaît à Bergen- Belsen en janvier 1945.