Né en 1895 à Paris - Décédé en 1995 à Paris
KAPLAN Jacob
Grand rabbin de France auxiliaire sous l'Occupation
Fils d’immigrants juifs pieux de l’Empire russe (grand-père paternel rabbin à Minsk), Jacob Kaplan fait ses études secondaires au Talmud Torah du Séminaire rabbinique de Paris (1908). Il entreprend des études rabbiniques en 1913, qui seront interrompues par la mobilisation de 1914. Combattant au front, il refuse de servir comme aumônier et est blessé en 1916. De 1919 à 1921, il achève ses études rabbiniques et obtient une licence de lettres (philosophie). Il sera successivement rabbin de Mulhouse en 1922, de la synagogue parisienne de la rue Notre-Dame de Nazareth en 1928 puis de celle de la rue de la Victoire en 1933. Connu comme rabbin des anciens combattants, il est également considéré comme sympathisant sioniste. En 1939, à la veille de la guerre, il est auxiliaire du nouveau grand rabbin de France, Isaïe Schwartz.
Mobilisé en 1939 comme aumônier militaire, il publie un ouvrage antinazi, Racisme et judaïsme, qui sera inscrit sur la liste Otto des livres interdits sous l’Occupation.
Démobilisé en zone sud, il assiste le rabbin de Vichy, écrit à Xavier Vallat une lettre de protestation, largement reproduite, contre les mesures d’exception, et signe la lettre de protestation des anciens combattants juifs. Expulsé de cette ville, il passe à Lyon où est replié le grand rabbin de France, dont il est l’auxiliaire. C’est en son nom qu’il entre en contact, le 17 août 1942, avec le Cardinal Gerlier, primat des Gaules, pendant les rafles en zone sud. il sera également en relation avec le Père Gillet, prieur général des Dominicains, de passage en France.
En gare de Lyon-Perrache, il se voit refuser l’autorisation d’avoir un bref contact avec un convoi de déportés juifs. Il est dénoncé, sous l’Occupation, dans le livre de Paul Allard Les provocateurs à la guerre. Témoin de l’attentat à la grenade du 10 décembre 1943 contre la synagogue de Lyon et ses fidèles. A la même époque, il est chargé de l’intérim du grand rabbin de France passé à la clandestinité. Arrêté le 1er août 1944 par des auxiliaires français de la Gestapo, puis libéré. Il est promu grand rabbin sous l’Occupation pour services exceptionnels.
De décembre 1944 jusqu’en février 1945, il effectue une mission aux Etats-Unis dans une délégation de responsables de la communauté juive de France. En 1947, il participe à la rencontre inter-religieuse de Seelisberg (Suisse), qui jette les bases du rapprochement judéo-chrétien concrétisé par le Concile Vatican II. Grand rabbin de Paris (1950), grand rabbin de France par intérim (1952), puis officiellement (de 1955 à 1980). Il contribue au dénouement positif de l’affaire Finaly en 1953 (ces enfants juifs enlevés par des catholiques français sont rendus à leur famille). En 1967, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques. Chargé d’un enseignement à l’Institut d’études politiques de Paris sur « Le judaïsme dans la société contemporaine ». Grand officier de la Légion d’honneur. Décoré de la Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.