20 avril 1889 à Braunau am Inn (Autriche) - 30 avril 1945 à Berlin
HITLER Adolph
Chancelier et président du Reich (30 janvier 1933 – 30 avril 1945)
Adolph Hitler est né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn, ville autrichienne située à la frontière avec l’Empire allemand. Élève peu brillant, il abandonne l’école à 16 ans. En 1908, il part s’installer à Vienne dans l’espoir d’intégrer les Beaux Arts, mais il échoue au concours d’entrée. Il mène alors, grâce à la vente de ses peintures, une vie de bohème et fréquente les milieux pangermanistes et antisémites de la ville. En mai 1913, pour échapper au service militaire, il quitte Vienne pour Munich. Au moment de la déclaration de la Première Guerre mondiale, il se porte volontaire dans l’armée bavaroise puis pendant le conflit il est promu au grade de caporal et est décoré de la croix de fer de 1ère et de 2e classes. C’est au cours de sa convalescence à l’hôpital militaire de Pasewalk, après avoir été partiellement aveuglé par du gaz moutarde sur le front en octobre 1918, qu’il apprend l’armistice et l’instauration de la République de Weimar. Il s’insurge contre le traité de Versailles et les lourdes réparations imposées au pays. Toute sa vie, Hitler adhère au mythe du « coup de poignard dans le dos », selon lequel l’Allemagne aurait été trahie de l’intérieur par les Juifs et les forces de gauche.
De retour à Munich, c’est en qualité d’officier-instructeur de l’Armée qu’il assiste à son premier meeting du parti ouvrier allemand (DAP) dont il devient membre en septembre 1919. Il découvre alors ses talents de grand orateur et se forge une doctrine en matière de propagande. En juillet 1921, il devient chef du « parti national-socialiste des travailleurs allemands » (NSDAP), nouveau nom du DAP depuis août 1920. Dans ses discours, Hitler donne à la revanche et à l’antisémitisme une place centrale et fait campagne contre la république parlementaire de Weimar. Afin d’assurer la sécurité lors des meetings du parti, il crée un service d’ordre, les SA (Sturmabteilung), mais, inquiet face à leur force grandissante, il les dissout finalement lors de la Nuit des longs couteaux le 30 juin 1934.
En novembre 1923, profitant des troubles politiques qui agitent l’Allemagne, Hitler tente un putsch à Munich. C’est un échec, mais la résonance du procès fait de lui un homme politique à dimension nationale. Condamné à 5 ans de prison, il n’y reste finalement que 9 mois, au cours desquels il rédige Mein Kampf (« mon combat »), une autobiographie émaillée de considérations politiques, éthiques et sociales et dans laquelle Hitler définit la doctrine du national-socialisme. Il y expose sa « conception du monde » (Weltanschauung) et son sentiment d’avoir pour « mission » de sauver l’Allemagne. Selon lui, le mouvement nazi doit être antidémocratique, dans son organisation comme dans ses principes : « Pour rendre à notre peuple sa grandeur et sa puissance, il faut tout d’abord exalter la personnalité du chef et la rétablir dans tous ses droits ». L’Etat doit être un instrument au service de la domination de la race aryenne : « un Etat qui, à cette époque de contamination des races, veille jalousement à la conservation des meilleurs éléments de la sienne doit devenir un jour le maître sur la terre ». Selon Hitler, l’histoire de l’humanité est celle de la lutte des races et les Juifs sont à l’origine de la décadence allemande. Hitler s’inspire notamment du darwinisme social et des idées de Gobineau et Chamberlain. L’obsession de la conquête de l’« espace vital » (Lebensraum) et l’ « antisémitisme rédempteur » seront au cœur de l’idéologie hitlérienne.
A sa sortie de prison en 1925, Hitler reprend rapidement en main le parti nazi. Dans ses discours, il continue à présenter la libération nationale par le culte du Führer et par la « communauté nationale » (Volksgemeinschaft) dépassant les divisions de classes. De 1928 à 1932, aux cours des différentes élections, le NSDAP gagne du terrain sur la scène politique. Néanmoins, en mars 1932, le maréchal Hindenburg remporte les élections présidentielles face à Hitler, mais, confronté à un pays soumis à la terreur des SA, il finit, le 30 janvier 1933, par nommer ce-dernier chancelier. C’est l’incendie du Reichstag, le 27 février 1933, qui permet à Hitler d’asseoir son autorité en obtenant les pleins pouvoirs pour une période de quatre ans. La répression devient systématique, des camps de concentration sont ouverts, le parti nazi devient le seul parti autorisé. La SS (Schutzstaffel) devient un véritable Etat dans l’Etat. Le tournant décisif est atteint le 2 août 1934 avec la mort de Hindenburg : à sa fonction de chancelier, Hitler y adjoint alors celle de président du Reich. Sa nouvelle fonction est ratifiée par les membres conservateurs du cabinet, par l’armée et, par le « plébiscite » du 19 août 1934. Aucun opposant ne peut plus le menacer : les piliers du régime – l’armée, le parti, l’industrie, l’administration – le soutiennent loyalement.
Une guerre perdue et le sentiment d’humiliation nationale, une misère économique et sociale profonde, une crise politique et l’empressement à trouver un « homme fort » ont permis à Hitler d’accéder au pouvoir. Ainsi, l’institutionnalisation de son pouvoir charismatique s’est faite d’abord dans le Parti au cours des années 1920 puis, après 1933, dans l’Etat. Une fois au pouvoir, Hitler travaille à radicaliser l’idéologie, à fragmenter le gouvernement et à créer des organismes se superposant et se concurrençant, tout en dépendant tous de sa volonté. Il établit des liens personnels basés sur la fidélité et la confiance avec ses ministres. Il confie à une minorité de chefs nazis la réalisation de l’euthanasie des malades incurables ou mentaux ainsi que la campagne de persécution des Juifs. Hitler, qui dirige en donnant de vagues directives, n’a que rarement besoin d’intervenir dans l’adoption des mesures antijuives, hors des grandes décisions comme les lois de Nuremberg : ses paroles sont transcrites sous forme de normes par les autres acteurs politiques de l’Etat. Ces derniers « travaillent en direction du Führer ».
Le 30 janvier 1939, dans un discours devant le Reichstag, il annonce que la guerre signifierait la fin des Juifs d’Europe : « Les peuples [de la terre] s’apercevront bientôt que l’Allemagne nationale-socialiste ne souhaite pas l’inimitié des autres peuples. Je veux de nouveau être prophète. Si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir à entraîner une nouvelle fois les peuples de la terre dans une guerre mondiale, le résultat ne serait pas la bolchévisation de la planète, et donc une victoire juive, mais l’annihilation de la race juive en Europe. » Pendant la guerre, Hitler va régulièrement faire référence à ces propos.
Par ailleurs, Hitler s’engage dans une politique de violation du traité de Versailles (sortie de l’Allemagne de la Société des Nations, reconstitution d’une force aérienne, réintroduction de la conscription obligatoire, remilitarisation de la Rhénanie) et se lance dans une politique expansionniste en annexant l’Autriche en mars 1938, puis les Sudètes, et ensuite le reste de la Tchécoslovaquie. Le 23 août 1939, pour isoler son voisin polonais et éviter d’avoir à combattre sur deux fronts, il signe avec Staline un pacte de non-agression. La Wehrmacht franchit le 1er septembre la frontière germano-polonaise ; c’est le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Le succès de l’invasion des Pays-Bas et de la France de 1940 le persuade qu’il est un stratège de génie et qu’il est infaillible. Le 22 juin 1941, il rompt le traité germano-soviétique. L’opération Barbarossa est perçue comme la conquête d’un « espace vital » et comme une guerre d’anéantissement avec pour objectif central l’éradication du judéo-bolchévisme. Dès août 1941, les Einsatzgruppen assassinent par balles non plus seulement les hommes juifs des territoires soviétiques, mais également les femmes et les enfants.
Hitler cherche à organiser un « ordre nouveau européen » mais, contrairement à ses plans militaires, la campagne contre l’URSS s’enlise. Pour mieux contrôler la conduite de la guerre, il décide en décembre 1941 d’assumer les fonctions de commandant en chef de l’armée. L’entrée en guerre des Etats-Unis ce même mois constitue pour Hitler un écho du tournant de 1917 : pour lui, c’est la preuve du complot juif mondial, l’alliance du judéo-bolchevisme, des Juifs de la City et de Wall Street pour la perte de l’Allemagne. La situation militaire est alors tendue : Hitler comprend qu’il ne parviendra pas à conquérir les territoires de l’Est dans les délais qu’il s’était promis. La radicalisation du discours hitlérien qui s’ensuit est interprétée par ses subordonnés comme l’ordre de commencer le génocide. C’est probablement entre le mois d’octobre et la première quinzaine de décembre 1941 qu’Hitler, gagné par la crainte d’une défaite, prend la décision de l’extermination de tous les Juifs. Lors de la conférence de Wannsee en janvier 1942 – à laquelle le Führer n’est pas présent – est planifiée « la solution finale de la question juive ».
Sur le front, Hitler a jusqu’à lors prôné la guerre éclair (Blitzkrieg), mais malgré la crise de Stalingrad – qui marque le passage à une guerre totale -, et une Wehrmacht en peine, il ne veut pas changer de stratégie et entendre parler de retraite. Enfermé dans ses bureaux, il se consacre à la direction de la guerre, se déchargeant sur Goering des affaires gouvernementales. Suite à la défaite de Stalingrad et à celle en Afrique du Nord, le Führer s’adresse de moins en moins au peuple allemand (2 discours en public en 1943 et aucun en 1944, préférant intervenir à deux reprises à la radio). Malgré la débâcle sur tous les fronts, Hitler s’oppose continuellement à toute recherche de paix. Son autoritarisme s’accentue encore après l’attentat dirigé contre lui le 20 juillet 1944. Il s’enferme dans une alternative absolue entre le « triomphe de la volonté » et l’anéantissement complet de l’Allemagne. Voyant l’Allemagne nazie battue et Berlin investi par les troupes soviétiques, Hitler, aux côtés d’Eva Braun qu’il a épousée la veille, met fin à ses jours le 30 avril 1945 dans le bunker de la chancellerie.
1868 1957
HORTHY Myklos
Homme politique hongrois
Né en 1868, Myklos Horthy devient en 1919 le leader militaire de la campagne contre-révolutionnaire de la « Terreur blanche », qui lutte contre le régime socialiste-communiste de Bela Kun. Après l’évacuation des troupes d’occupation roumaines, le 1er mars 1920 il devient le régent du royaume hongrois.
D’abord ouvertement antisémite, son régime devient plus modéré, particulièrement après le débat autour des lois anti-juives du 22 septembre 1920 instaurant un numerus clausus. En règle générale, les lois du régime étaient clairement antisémites. Pendant l’entre deux guerre, Horthy mène une politique conservatrice relayée par l’aristocratie traditionnelle et une certaine catégorie de capitalistes modernes.
Sa politique étrangère s’oriente autour de la révision du traité de Trianon, conclut à Versailles en 1920, dans lequel la Hongrie cède les deux tiers de son territoire d’avant guerre. Cet axe de politique étrangère l’amène à se rapprocher de l’Allemagne hitlérienne.
En 1942 et 1943, pendant les revers militaires nazis, Horthy s’oppose aux pressions allemandes voulant imposer des mesures encore plus dures envers les Juifs, comme l’exclusion des Juifs de toutes les activités économiques, le port de l’étoile jaune, la ghettoïsation et la déportation des Juifs dans les camps de concentration et d’extermination. Lors de l’occupation allemande du pays, à partir du 19 mars 1944, il forme un gouvernement totalement soumis aux Nazis, leur donnant une autorité totale en matière de lois antisémites. Près de 500 000 Juifs hongrois ne reviendront pas des camps de la mort. Le 7 juillet 1944, le régent ordonne l’arrêt des déportations des Juifs de Budapest. Le 15 octobre, après une tentative d’armistice avortée, il est déposé par les Allemands et remplacé, à la tête de l’Etat, par Fernc Szalasi, leader du parti fasciste Arrox Cross Party.
Après la guerre, les autorités alliées autorisent Horthy à s’installer au Portugal, il écrit ses mémoires, qui seront publiés en 1965. Il meurt en 1957.
Né en 1895 à Paris - Décédé en 1995 à Paris
KAPLAN Jacob
Grand rabbin de France auxiliaire sous l'Occupation
Fils d’immigrants juifs pieux de l’Empire russe (grand-père paternel rabbin à Minsk), Jacob Kaplan fait ses études secondaires au Talmud Torah du Séminaire rabbinique de Paris (1908). Il entreprend des études rabbiniques en 1913, qui seront interrompues par la mobilisation de 1914. Combattant au front, il refuse de servir comme aumônier et est blessé en 1916. De 1919 à 1921, il achève ses études rabbiniques et obtient une licence de lettres (philosophie). Il sera successivement rabbin de Mulhouse en 1922, de la synagogue parisienne de la rue Notre-Dame de Nazareth en 1928 puis de celle de la rue de la Victoire en 1933. Connu comme rabbin des anciens combattants, il est également considéré comme sympathisant sioniste. En 1939, à la veille de la guerre, il est auxiliaire du nouveau grand rabbin de France, Isaïe Schwartz.
Mobilisé en 1939 comme aumônier militaire, il publie un ouvrage antinazi, Racisme et judaïsme, qui sera inscrit sur la liste Otto des livres interdits sous l’Occupation.
Démobilisé en zone sud, il assiste le rabbin de Vichy, écrit à Xavier Vallat une lettre de protestation, largement reproduite, contre les mesures d’exception, et signe la lettre de protestation des anciens combattants juifs. Expulsé de cette ville, il passe à Lyon où est replié le grand rabbin de France, dont il est l’auxiliaire. C’est en son nom qu’il entre en contact, le 17 août 1942, avec le Cardinal Gerlier, primat des Gaules, pendant les rafles en zone sud. il sera également en relation avec le Père Gillet, prieur général des Dominicains, de passage en France.
En gare de Lyon-Perrache, il se voit refuser l’autorisation d’avoir un bref contact avec un convoi de déportés juifs. Il est dénoncé, sous l’Occupation, dans le livre de Paul Allard Les provocateurs à la guerre. Témoin de l’attentat à la grenade du 10 décembre 1943 contre la synagogue de Lyon et ses fidèles. A la même époque, il est chargé de l’intérim du grand rabbin de France passé à la clandestinité. Arrêté le 1er août 1944 par des auxiliaires français de la Gestapo, puis libéré. Il est promu grand rabbin sous l’Occupation pour services exceptionnels.
De décembre 1944 jusqu’en février 1945, il effectue une mission aux Etats-Unis dans une délégation de responsables de la communauté juive de France. En 1947, il participe à la rencontre inter-religieuse de Seelisberg (Suisse), qui jette les bases du rapprochement judéo-chrétien concrétisé par le Concile Vatican II. Grand rabbin de Paris (1950), grand rabbin de France par intérim (1952), puis officiellement (de 1955 à 1980). Il contribue au dénouement positif de l’affaire Finaly en 1953 (ces enfants juifs enlevés par des catholiques français sont rendus à leur famille). En 1967, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques. Chargé d’un enseignement à l’Institut d’études politiques de Paris sur « Le judaïsme dans la société contemporaine ». Grand officier de la Légion d’honneur. Décoré de la Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.
Chateldon 1883-Fresnes 1945
LAVAL Pierre
Officier et homme politique français
Originaire d’Auvergne, Pierre Laval, né en 1883 à Chateldon dans le Puy de Dôme, poursuit des études de droit et s’inscrit au barreau de Paris en 1907. Pendant la Première Guerre mondiale, il est député socialiste et se rapproche de Georges Clémenceau. De 1923 à 1940, il se trouve à la tête de la mairie d’Aubervilliers. Au cours des années suivantes son évolution le pousse à rejoindre la droite parlementaire. Il occupe différents postes de ministre et devient par deux fois Président du Conseil. Mais, il est écarté du pouvoir en 1936 et garde dès cette date une vive hostilité à l’égard du pouvoir.
Se prononçant contre la déclaration de guerre à l’Allemagne, l’ancien ministre se retrouve au premier plan de la scène politique après l’Armistice. Le 23 juin 1940, alors ministre d’Etat, il fait intervenir le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, vote qui a lieu le 10 juillet 1940 à Vichy. Il devient alors vice-président du Conseil. Persuadé de la victoire de l’Allemagne, il provoque la rencontre de Montoire entre Pétain et Hitler, le 24 octobre 1940, qui marque le début de la politique de collaboration.
Le 13 décembre 1940, Pétain le renvoie, mais, sur pression des autorités d’occupation, il revient au pouvoir le 17 avril 1942 et reprend la tête du gouvernement. Laval obtient du maréchal la mission de changer les institutions et de gérer les relations avec l’occupant. Pierre Laval, en cumulant la direction du gouvernement, les Affaires étrangères, l’Information et l’Intérieur, incarne cette fois le véritable chef de l’Etat. En 1942, il crée le Service du Travail Obligatoire et en 1943 la Milice. Il prend des mesures de répression à l’égard des Juifs. Ces choix politiques le rendent impopulaire parmi les Français.
Lorsque les Alliés se trouvent aux portes de Paris, les Allemands l’entraînent vers Belfort et Sigmarigen. Il se considère comme prisonnier. En mai 1945, Laval gagne l’Espagne par avion, mais il est remis aux autorités françaises le 1er août.
Condamné à mort le 9 octobre 1945, l’ancien député tente de s’empoisonner dans sa cellule. Il est exécuté le 15 octobre 1945 à la prison de Fresnes.
1909 - 1989
LEGUAY Jean
Préfet français
Né en 1909, Jean Leguay commence, dès 1932, une carrière préfectorale comme chef de cabinet du préfet de Haute-Savoie. En 1939, il succède à René Bousquet comme sous-préfet de Vitry-le-François.
Après avoir été le secrétaire général de la préfecture de la Marne, Jean Leguay devient, en avril 1942, le délégué de René Bousquet, secrétaire général à la Police. Il est l’interlocuteur des préfets lorsqu’ils demandent des instructions pour les rafles de Juifs. Il est présent à la conférence du 7 juillet qui prépare la rafle de 22 Juifs à Paris et participe à l’organisation des rafles de Juifs de l’été 1942. Il organise également le transfert des Juifs de zone libre vers le camp de Drancy. En décembre 1943, il est nommé préfet de l’Orne.
A la Libération, il est suspendu de ses fonctions et gagne les Etats-Unis. Revenu en France, après avoir été réintégré dans le corps préfectoral, il dirige une société privée à Suresnes. Le dossier constitué par Serge Klarsfeld permet à la justice d’inculper Jean Leguay, en 1978, de crime contre l’Humanité. Il meurt en 1989 avant que son procès ne soit ouvert.
Günzbourg 1909 Brésil 1979
MENGELE Josef
Médecin en chef du camp d'extermination d'Auschwitz
Josef Mengele est né le 16 mars 1909 à Günzbourg en Bavière. Après des études de philosophie à Munich, il devient médecin en 1938. Nazi convaincu, il adhère au NSDAP, parti nazi, en 1937 et devient après 1934 chercheur à l’Institut, nouvellement fondé, de recherches sur la race et la biologie héréditaire, spécialisé dans l’étude sur les jumeaux. En 1938, il est membre de la SS.
Pendant la Seconde guerre mondiale, il intègre la Waffen-SS et sert en tant que médecin officier en France et en Pologne. À partir de 1941, il est sur le front de l’Est. Il est nommé médecin en chef du camp d’extermination d’Auschwitz en 1943. Il dirige personnellement les chambres à gaz et les innombrables sélections de victimes, fierd’être un exécutant impitoyable de la Solution Finale. À Auschwitz, le médecin poursuit ses « recherches scientifiques » sur les « différences raciales » et les handicaps physiques. Les personnes ayant des difformités physiques sont assassinées sur ses ordres, dès leur arrivée au camp ; leurs corps sont utilisés pour des expériences. Josef Mengele est particulièrement intéressé par les expérimentations médicales sur les jumeaux, les jeunes enfants et les personnes atteintes de nanisme. Il espère trouver une méthode pour créer une race d’Aryens aux yeux bleus, réalisant ainsi le rêve absurde de la science nazie.
Après la guerre, il parvient à s’échapper d’un camp d’internement américain. Il part pour Buenos Aires via Rome. Plusieurs témoins affirment avoir reconnu ce criminel nazi parmi les plus recherchés en Argentine, au Brésil et au Paraguay.
En novembre 1959, il est naturalisé paraguayen. Tous les efforts du gouvernement ouest-allemand pour l’arrêter ont échoué. En 1985, l’Etat d’Israël offre une large récompense pour sa capture. Mais il semble qu’il soit mort d’un accident au Brésil en février 1979. En juillet 1985, son cadavre présumé a été exhumé et examiné par bon nombre d’experts du monde entier. Il semble extrêmement probable, grâce à des tests génétiques, que ce corps soit celui de l’ancien nazi, mais des doutes persistent chez certains.
Hambourg 1897 - Allemagne 1962
OBERG Carl-Albrecht
Nazi
Carl-Albrecht Oberg est né le 27 janvier 1897 à Hambourg. Il est officier pendant la Première Guerre mondiale et reçoit la Croix de fer. Il prend part au putsch de Kapp le 13 mars 1920, qui tente de renverser la République de Weimar pour installer un régime autoritaire. Son rôle consiste alors à faire le lien entre les différentes formations de la Reichswehr, le président du gouvernement du Slesvig et les organisations patriotiques. Il devient membre du NSDAP, parti nazi, en 1931, et s’engage dans la SS en 1932.
Après l’avènement de Hitler en 1933, Carl Oberg entame une carrière rapide dans l’appareil policier du IIIème Reich. En 1935, Reinhardt Heydrich le fait rentrer au sein du service de sécurité (SD) de la SS, où il devient son bras droit et participe au massacre de Radom.
En septembre 1941, il est chef des SS et de la police à Radom, où il participe activement à l’extermination des Juifs et au recrutement forcé de la main d’oeuvre polonaise. Le 12 mai 1942, il se rend à Paris pour prendre le commandement de la totalité des unités des SS et de la police dans la France occupée. Au total, le nombre des otages fusillés à l’époque où Carl Oberg exerce ses fonctions s’élève à 254. Il est également à l’origine de l’institution du port de l’étoile jaune et des représailles exercées à l’encontre des résistants français. Il est le responsable de l’organisation de la déportation des 76 000 Juifs de France.
Carl Oberg est condamné à mort en Allemagne puis extradé en France le 10 octobre 1946 et emprisonné au Cherche-Midi. Il comparaît avec Helmut Knochen devant un tribunal militaire parisien. Condamné à mort le 9 octobre 1954, sa peine est commuée en détention à perpétuité en 1958 et réduite à vingt ans de travaux forcés en 1959. Il est gracié, en 1962, par le Président de la République, rapatrié en Allemagne où il décède la même année.
3 septembre 1910, Gretz-Armainvilliers - 17 février 2007, Pontault-Combault
PAPON Maurice
Homme politique français
Né le 3 septembre 1910 à Gretz-Armainvilliers dans une famille radicale socialiste, Maurice Papon poursuit des études de droit et s’engage politiquement à gauche. Il obtient son premier poste au cabinet du ministère de l’Air à 21 ans. En août 1935, il devient chef de cabinet de Maurice Sabatier, alors directeur des affaires départementales etcommunales du ministère de l’Intérieur.
Alors qu’il est partisan socialiste sous le Front Populaire, il adhère aux idées de la Révolution Nationale du maréchal Pétain. Après une courte mobilisation à Tripoli, Maurice Papon est rapatrié pour raisons de santé. Fin 1940, MauricePapon est nommé directeur de cabinet du secrétariat général pour l’administration du ministère de l’Intérieur, puis secrétaire général de la préfecture de Gironde. Il² reçoit cinq récompenses en 18 mois pour sa contribution administrative relative au Statut des Juifs. De juin 1942 à la Libération, il est responsable des « affaires juives » pour la Gironde. Il se rend alors complice de la déportation de près de 1500 Juifs de France.
Après la guerre, il se fait passer pour résistant et poursuit sa carrière. Il devient directeur de cabinet du commissaire de la République de Bordeaux, puis préfet de la Corse en 1947 et secrétaire général de la préfecture de police de police de Paris en 1952. A partir de 1956, il est préfet de Constantine et exerce une forte répression dans l’Algérie insurgée. Nommé préfet de police de Paris de 1958 à 1967, il est responsable des morts de manifestants pendant la manifestation du 17 octobre 1961 et de la manifestation anti-OAS de Charonne, le 8 février 1962.
Député de 1968 à 1983 et maire de Saint-Armand-Montrond de 1971 à 1988, Maurice Papon est aussi président de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Il entre dans le deuxième gouvernement de Raymond Barre comme ministre du Budget de 1978 à 1981. C’est un article de presse traitant de la déportation des Juifs dans la région bordelaise qui permet d’entamer une procédure à son encontre pour crimes contre l’humanité.
Le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à 10 ans de prison pour complicité de crimes contre l’Humanité. Sa libération pour raison de santé le 20 septembre 2002 fait l’objet de polémiques. Maurice Papon meurt le 17 février 2007 à l’âge de 96 ans. Il a été inhumé avec la légion d’honneur qui lui avait pourtant été retirée après sa condamnation.
Cauchy-à-la-Tour 1856 - Ile d'Yeu 1951
PETAIN Philippe
Maréchal de France
Né en 1856 à Cauchy-à-la-Tour, au sein d’une famille modeste, Philippe Pétain sort de l’Ecole militaire de Saint-Cyr en 1876. Lors de la déclaration de guerre de 1914, il est colonel à Arras. Promu général, il commande la 6ème division dans le 33ème corps d’armée en Champagne. En février 1916, on lui confie le secteur de Verdun ; sa présence exceptionnelle parmi ses soldats fait de lui un héros national. En 1917, il est nommé commandant en chef des armées.
En 1925-1926, Philippe Pétain réprime la rébellion d’Abd el-Krim ; à cette date il est déjà vice-président du conseilde la Guerre et inspecteur général de l’armée. Après les évènements de février 1934, Gaston Doumergue le nomme ministre de la Guerre.
Le 18 mai 1940, Paul Reynaud le fait entrer dans son cabinet comme vice-président du Conseil. Pétain, comme Weygand, s’oppose à toute continuation de la lutte et à toute capitulation purement militaire. Le 17 juin, le Président de la République lui confie le soin de former le dernier gouvernement de la IIIème République. Le nouveau gouvernement s’installe à Vichy, où, le 10 juillet l’Assemblée nationale donne : « tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain à l’effet de promulguer, par un ou plusieurs actes, une nouvelle Constitution de l’Etat français ».
Le maréchal Pétain est le chef de l’Etat français dont la nouvelle devise est « Travail, Famille, Patrie », et la nouvelle idéologie la « révolution nationale ». L’activité de Pétain tend plus personnellement à préserver, face au vainqueur, ce qu’il juge essentiel : l’indépendance de l’Etat français, l’inviolabilité de l’empire et de la flotte. Le 13 décembre 1940, il désavoue son « dauphin » Pierre Laval, qui avait organisé la rencontre de Montoire avec Hitler le 24 octobre1940. Mais en avril 1942, Pétain se voit contraint de rappeler Laval au pouvoir. A mesure que la situation militaire de l’Allemagne se dégrade, Pétain est entraîné, sur le plan intérieur, à couvrir lesinitiatives de Laval et des collaborationnistes de Paris : création de la Milice, de la Légion des Volontaires Français, exécution d’otages, condamnations. Le maréchal n’émet pas la moindre protestation officielle, ni même la moindre réticence publique.
Le 20 août 1944, les Allemands enlèvent le maréchal et le conduisent au château de Sigmaringen, où il se considérera prisonnier, refusant d’assumer la moindre responsabilité. Le 24 avril 1945, après avoir traversé la Suisse, il se présente aux autorités françaises.
Traduit devant la Haute Cour de Justice, du 23 juillet au 15 août, il est condamné à la peine de mort, à l’indignité nationale et à la confiscation de ses biens. En raison de son grand âge, la Cour émet le v’u que la sentence de mort ne soit pas exécutée.
Philippe Pétain meurt à l’âge de 95 ans, à Port Joinville sur l’Ile d’Yeu.
Duisburg 1892 - Landsberg 1951
POHL Oswald
Chef du bureau central de gestion économique de la SS
Né en 1892 dans une famille de la petite-bourgeoisie, Oswald Pohl fait d’abord carrière dans l’administration de la marine. Après une courte interruption pour des études de droit, il devient en 1934 officier de marine. La même année, il adhère à la SS, neuf ans après ses débuts dans la SA. Il renonce à une promotion au sein de la marine et entame une carrière à l’intérieur de la SS. Oswald Pohl est chargé par Heinrich Himmler des finances de la SS qui connaît une très forte croissance des adhésions en 1933/34. En tant que chef du bureau central de gestion économique de la SS (WVHA) il est par ailleurs responsable de l’image publique de la SS.
Au sommet de son ascension politique, entre 1939 et 1942, il est responsable de l’empire SS dans les camps de concentration. Pohl a la tâche de transformer les camps en réservoirs de travailleurs forcés surtout pour les entreprises SS comme le « Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH ». A partir de 1942, quand le Reich mobilise toutes ses ressources pour la « guerre totale », Oswald Pohl est partisan de l’utilisation des déportés dans les usines d’armement. Dans ce but, Himmler place tous les camps de concentration sous ses ordres en mars de la même année. Mais l’objectif d’envoyer des travailleurs forcés afin de soutenir cette industrie n’est atteint que partiellement à cause de l’état désastreux des prisonniers des camps.
Le tribunal de Nuremberg condamne Pohl à la peine capitale. Il est exécuté en 1951, après de longues années de procédures successives pendant lesquelles il se convertit au catholicisme et écrit son autobiographie « Credo. Ma voie vers Dieu ».