Certains témoins ont écrit immédiatement après la guerre, créant de fait un genre littéraire. D’autres, plus tard, ont éclairé des aspects renouvelés du processus génocidaire et de ses séquelles. Au fil du temps, le public a découvert les oeuvres d’Elie Wiesel, Primo Levi, Imre Kertész, Aharon Appelfeld, Charlotte Delbo et d’autres grands textes fondateurs. Comment ces œuvres ont-elles marqué nos contemporains et pourquoi sont-elles devenues des classiques ?
Apories et jeux matriciels : le témoin en Wiesel s’est toujours méfié de l’écrivain. Cette défiance a généré des contradictions qui ont affecté la lecture des textes wieseliens. Pourtant, une étude attentive du récit La Nuit, dans ses différentes versions, offre une puissance littéraire qui ne faiblira jamais. Car Wiesel a su extraire de ce creuset originel une œuvre de témoignage nourrie de doute et d’inquiétude. Delphine Auffret est spécialiste de l’approche textuelle du témoignage dans la littérature de la Shoah.
Témoins juifs, anges tristes : avec La Nuit, puis Le Dernier des Justes d’André Schwartz-Bart, en 1959, on assiste à l’émergence du « témoin juif » comme figure de martyr universel. Qu’est-ce qui a rendu possible cette reconnaissance? Au prix de quelles reconfigurations de ce que l’on appelle alors témoignage ? Qu’est-ce qui fait qu’un texte est recevable, à quel moment ? Cela sera l’occasion de revenir sur d’autres grands textes publiés à l’aube des années soixante, et qui connurent des destins éditoriaux très inégaux, de Jorge Semprun à Jean Améry, en passant par Edgar Hilsenrath. Judith Lyon-Caen est maître de conférence à l’EHESS.
Si André Gide a pu dire que le classicisme tend tout entier vers la litote, alors l’œuvre, et en particulier l’œuvre théâtrale de Wiesel, devrait être classée parmi les tenants de l’anti-classicisme, dans la mesure où son témoignage consiste à dire plus pour faire entendre moins. Dans ce défi de dire l’indicible, Elie Wiesel tente une voie scénique originale, pour casser les codes classiques et proposer de nouvelles pistes de réflexion. Guila Clara Kessous, comédienne et metteur en scène, est spécialiste de l’œuvre dramatique du Prix Nobel et docteur sous la direction d’Elie Wiesel.
Cette rencontre fait partie d’un cycle de quatre rencontres sur le thème « D’une génération à l’autre : l’écriture des grands témoins »
En présence de Delphine Auffret, spécialiste de l’approche textuelle du témoignage dans la littérature de la Shoah, directrice de communication, Alliance israélite universelle, Judith Lyon-Caen, maître de conférences, EHESS, et Guila Clara Kessous, comédienne et metteur en scène.
Animée par Michaël de Saint-Cheron, écrivain et philosophe des religions.
Cycle de 4 rencontres. Tarifs : 5€/3€ la rencontre,
3 séances achetées = 3 € la séance (lorsque vous réservez 3 rencontres de ce cycle minimum, vous pouvez les choisir en « tarif réduit (3€) » directement sur notre billetterie)