« Julia Pirotte, photographe et résistante »
#expojuliapirotte« On me demande comment je fais avec cet appareil pour capter des images qui sont exposées dans le monde entier (…). Quand je ressens un battement de coeur, je sais que ce sera une bonne photo. » – Julia Pirotte
Julia Pirotte, née Golda Perla Diament le 26 août 1907, grandit entre Końskowola et Lublin en Pologne dans une famille juive pauvre, son père est mineur. Arrêtée à 17 ans pour son engagement dans les jeunesses communistes polonaises, elle passe quatre ans en prison. En 1934, aidée par l’organisation du Secours rouge international , elle fuit son pays pour rejoindre sa sœur Mindla, réfugiée en France.
Tombée malade, elle s’arrête en Belgique où elle travaille comme ouvrière et épouse le syndicaliste Jean Pirotte. A Bruxelles, elle suit les cours du soir à l’école de journalisme ainsi qu’une formation en photographie. En 1938 et 1939, elle réalise ses premières missions comme photo-journaliste : une enquête sur les mineurs polonais à Charleroi pour une revue syndicale ainsi qu’un reportage aux Pays Baltes pour l’agence de presse Foto WARO.
En mai 1940, à la suite de l’invasion de la Belgique par l’Allemagne nazie, elle prend le chemin de l’exode. Avec des camarades rencontrés pendant le voyage, elle décide de s’installer à Marseille en raison des usines présentes dans la ville. Elle commence à travailler dans une usine d’aviation et comme photographe sur une plage privée. A partir de 1942, elle est engagée comme photojournaliste pour la presse locale : le Dimanche illustré , la Marseillaise , le Midi Rouge , entre autres.
Ses reportages témoignent des conditions de vie précaires des habitants du Vieux-Port, de la situation des femmes et des enfants juifs internés au camp de Bompard et des opérations des maquis. Elle rejoint très tôt la Résistance tout comme sa sœur Mindla. Agent de liaison pour les FTP-MOI, elle transporte des tracts, des armes et fabrique des faux-papiers. Le 21 août 1944, elle prend part à l’insurrection de Marseille et documente par ses photographies les différents moments de la journée.
Julia Pirotte rentre en Pologne, un pays en pleine reconstruction. En 1946, elle est l’une des seules photographes présents à Kielce juste après le pogrom, son reportage est un témoignage poignant sur l’antisémitisme toujours virulent dans son pays. Dans les mois qui suivent, elle accompagne les convois de rapatriement des mineurs polonais de France. En 1948, elle couvre le Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw auquel participent, entre aut res, Pablo Picasso, Irène Joliot-Curie, Aimé Césaire, dont elle prend des portraits empreints d’humanisme. Parallèlement, elle est cofondatrice et directrice de l’Agence de photographie militaire (WAF, 1946-1948).
En 1957, Julia Pirotte part en Israël notamment pour expérimenter la vie collectiviste des kibboutz. De retour en Pologne, elle continue de réaliser des reportages pour la presse polonaise, mais son activité se réduit sensiblement. A partir des années 1980, son travail de photographe commence à être reconnu et ses photographies sont exposées dans de nombreuses villes : New York, Arles, Stockholm, Charleroi, Paris, Varsovie, Bratislava entre autres. Le 15 février 1996, la France lui décerne le titre de chevalier des Arts et des Lettres. Elle meurt le 25 juillet 2000 à Varsovie.
Sœur de Julia, réfugiée en France avant-guerre, en 1941, elle rejoint la résistance au sein des FTP-MOI dont elle devient l’un des agents de liaison. Arrêtée à Chalon-sur-Saône, elle est déportée en Allemagne le 3 décembre 1942 et guillotinée le 24 août 1944.
Commissariat : Caroline François, chargée des expositions, et Bruna Lo Biundo, chercheuse indépendante
Conception graphique : Estelle Martin.
Entrée gratuite
Entresol-mezzanine au Mémorial de la Shoah de Paris