Frida Wattenberg retrouve ses demi-frères, Charles et Marie Smiétanski
Le 29 janvier 2019, lors de la collecte photo organisée tous les mardis après-midi au Mémorial de la Shoah, Charles Smiétanski est venu déposer des documents d’archives personnels. Né en 1936, il a été caché pendant la guerre avec sa sœur Marie et ses cousins. Son père Hersh Smiétanski fut déporté à Auschwitz par le convoi 46. Il n’est jamais revenu. À 83 ans, Charles Smiétanski vient de retrouver sa demi-soeur, Frida Wattenberg.
Il y a environ deux mois, Charles Smiétanski découvre, grâce à des recherches effectuées par son fils en Israël, qu’il aurait une grande sœur. Il raconte : « Mon fils m’a appelé, il m’a dit ‘Papa, tu as une sœur !’ Il avait fait beaucoup de recherches, et il m’a donné son nom : Frida Wattenberg. »
Charles, Frida, Marie et leur cousine Cécile
Frida est née douze ans avant Charles, en 1924. Son père Hersh Smiétanski, Juif d’origine polonaise, fut expulsé de France avant la naissance de Frida, sans qu’il puisse la reconnaitre. À son retour en France, Hersh Smiétanski aura un autre enfant avec la mère de Frida, il divorcera cinq années plus tard.
D’un second mariage avec Frajdla Borenstein naîtront Charles et Marie Smiétanski. Ils échapperont à la déportation, cachés à Orsay avec leurs cousins, dans la vallée de Chevreuse, par une famille rémunérée par la Croix-Rouge. Charles et Marie retrouveront leur mère après la guerre.
Frida, quant à elle, rejoint une cellule gaulliste du lycée Victor Hugo (Paris 4e) en octobre 1940, à seulement 16 ans. Elle sera recrutée en 1941 par l’O.S.E (Organisation de Secours aux Enfants) et aidera à fabriquer des faux papiers pour des enfants juifs et leurs parents. Elle parviendra ensuite à faire libérer sa mère de Drancy grâce à un certificat justifiant que sa mère travaillait pour l’Armée allemande. En 1943, elle quitte Paris pour Grenoble et rejoint la résistance juive : elle conduit des groupes d’enfants à Annecy pour leur passage en Suisse. Frida est ensuite mutée à Toulouse où elle travaille avec l’A.J. (Armée Juive). Après la Libération, Frida travaille à l’Œuvre de Protection des enfants juifs (OPEJ) qui prend en charge les enfants dont les parents ont péri en déportation.
La guerre ayant dispersé les familles et Charles et Marie n’ayant aucune connaissance de la première vie de leur père, ils ont toujours ignoré qu’ils avaient un frère et une sœur, nés du premier mariage de leur père.
Charles Smiétanski et Frida Wattenberg
Il y’a environ deux mois, ils ont enfin retrouvé Frida Wattenberg, leur demi-sœur, à qui ils rendent régulièrement visite, au moins une fois par semaine. « On s’est retrouvé une famille ! », déclare Marie en prenant Frida dans ses bras. « Je suis contente de vous voir aujourd’hui autour de moi, je me sens bien plus vivante ! », lui répond sa demi-sœur.
Frida Wattenberg a été bénévole pendant plus de 20 ans au Mémorial de la Shoah et a témoigné pendant des années pour les scolaires. Aujourd’hui un atelier pour enfant est consacré à son histoire au Mémorial.
Frida Wattenberg est Chevalier de l’Ordre du Mérite, Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, carte de Volontaire de la Résistance, carte d’Ancienne combattante, membre de l’association des anciens de la résistance juive (ARJF) et de « Mémoire juive de Paris » VOIR SON TEMOIGNAGE
