Rescapé de la Shoah, seul survivant de sa famille à l’enfer d’Auschwitz, Charles Palant a passé sa vie à défendre les droits de l’homme et lutter contre le racisme et l’antisémitisme. Il est décédé le 26 février 2016 à l’âge de 93 ans. Le Mémorial de la Shoah lui a rendu hommage.
Témoignage de Charles Palant, issu de la campagne « Derniers Témoins » réalisée par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris en 2004.
Né en 1922 dans le Belleville parisien de tous les immigrés – ses parents avaient fui la Pologne des pogroms –, Charles Palant s’est engagé très tôt dans la lutte contre les fascismes. En juillet 1941, il passe la ligne de démarcation vers Lyon, où le rejoignent sa famille et de nombreux amis. Charles Palant a 21 ans lorsqu’il est arrêté par la Gestapo, en août 1943, pour possession de faux papiers, avec sa mère et sa sœur, tandis que son frère aîné y échappe par hasard.
D’abord emprisonnés au Fort-Montluc, tous trois sont ensuite déportés vers Drancy puis vers Auschwitz, d’où sa mère et sa sœur ne reviendront pas. « On comprend que si on cède au chagrin, on est mort », dit-il. Charles Palant raconte la « descente dans l’animalité » des déportés de Buna-Monowitz (Auschwitz III), sa sélection pour la chambre à gaz à laquelle, malade, il échappe grâce au souvenir des blagues d’un chansonnier lyonnais, sa Marche de la mort avec 60 000 déportés début 1945, puis le train pour Buchenwald (Allemagne), et l’insurrection de ce camp, la veille de l’arrivée des libérateurs américains. Après 650 jours passés en enfer, Charles Palant ne s’est senti « l’ennemi de personne, pas même des Allemands ».
« Au sortir de la plus abominable faillite de l’organisation humaine », il s’est lancé dans la lutte pour la construction d’un « monde meilleur ».
Charles Palant fut co-fondateur du MRAP en 1949- à l’époque « Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix »- il en assura la direction en occupant successivement les fonctions de Secrétaire Général et de Président. Plus tard, en 1977, il sera à l’origine du changement de dénomination du MRAP, alors devenu « Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples ». Il a également assuré jusqu’en 2015 la représentation du Mrap auprès de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’Homme).