Elie Buzyn, grand témoin de la Shoah, est décédé le lundi 23 mai 2022 à Paris.
Elie Buzyn est né à Lodz en Pologne le 7 janvier 1929 Il est issu d’une famille aisée, son père est chef d’entreprise, sa mère active au sein de la WIZO. Il est le cadet, son frère Avram a 11 ans et sa sœur Tauba 5 ans.
Elie a 10 ans lors de l’invasion de la Pologne en 1939. Alors que les Juifs sont désormais contraints de rejoindre le ghetto, son frère est tué le 7 mars 1940 pour l’exemple. Ses parents sont anéantis. Elie comprend brusquement qu’il est devenu soutien de famille et il n’aura qu’une obsession : protéger les siens.
Il célèbre en janvier 1942 clandestinement sa majorité religieuse au cours de laquelle sa mère à bout de force lui demande de tout faire pour survivre et de rejoindre les deux frères qu’elle a à Paris.
Alors que les nazis éliment à l’automne 1942 les Juifs ne pouvant plus travailler, Elie parvient à éviter la déportation vers le camp de Chelmno à ses parents et sa sœur. La famille entre en clandestinité.
Face à l’avancée des troupes de l’Armée rouge, le ghetto est liquidé et la population transférée au camp d’Auschwitz-Birkenau en août 1944. La famille est disloquée lors de la sélection à l’arrivée. Les parents sont assassinés dans les chambres à gaz. Elie et sa sœur intègrent le camp. Il a 15 ans. Il est ensuite transféré au camp d’Auschwitz I puis affecté au kommando agricole de Babitz.
Le 18 janvier 1945, il est évacué vers le camp de Buchenwald qu’il atteint trois jours plus tard. Blessé, il est envoyé au Revier et parvient à éviter l’amputation des orteils. Grâce à l’action de la Résistance clandestine, il rejoint le Block 8 du « grand camp » où des centaines d’enfants juifs sont rassemblés et aidés.
Après la libération du camp le 11 avril 1945, un millier d’enfants juifs sont pris en charge par l’œuvre de secours aux enfants, dont 426 accueillis en France. Parmi eux, Elie qui retrouve après quelques semaines son oncle maternel, le Dr Léon Pérel, puis sa sœur rapatriée du camp de Bergen-Belsen.
En octobre 1947, Elie part en Palestine pour participer à la guerre d’indépendance et à la naissance de l’Etat d’Israël.
Il regagne la France en 1954 et rejoint Oran en Algérie comme surveillant d’internat, tout en passant son baccalauréat. Deux ans après, il s’installe définitivement à Paris et entreprend des études de médecine. Il devient chirurgien orthopédique.
Retraité en 1995, il réalise des missions humanitaires en Afrique, notamment en Mauritanie et au Cameroun.
Il commence à témoigner de son expérience durant la Shoah à partir de 1998 et ne va dès lors cesser d’intervenir devant des classes partout en France, tout en militant au sein de l’Œuvre de secours aux enfants. Il achevait ses interventions en appelant son auditoire à devenir « les témoins des témoins ».
Sportif accompli, il est sélectionné pour porter la flamme olympique aux Jeux olympiques d’hiver de Turin en 2006.
Elie Buzyn a publié en 2018 son récit autobiographique : J’avais 15 ans, vivre, survivre, revivre, Alisio, 2018, et Ce que je voudrais transmettre. Lettre aux nouvelles générations, Alisio, 2019.
Elie Buzyn a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2014 et commandeur dans l’ordre des Palmes académiques en 2017.
Le Mémorial de la Shoah salue la mémoire d’un grand témoin de la Shoah, un homme généreux et modeste, à l’humanisme lumineux, et présente ses condoléances à son épouse Etty et à sa famille.
Photo : portrait d’Elie Buzyn avec d’autres camarades, 1946. 3e gauche. © Mémorial de la Shoah/coll. Elie Buzyn
Découvrez le témoignage d’Elie Buzyn lors de notre campagne « Ce que je veux transmettre », 2020