Les héritiers – accompagnement pédagogique du film

À l’occasion de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation, marquant le 75e anniversaire de la libération des camps nazis, le Mémorial de la Shoah vous invite à la projection exceptionnelle en ligne du film Les héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar, avec Ariane Ascaride, Ahmed Dramé et Léon Zyguel dans son propre rôle.

La Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation a été instaurée par la République française en 1954, à l’initiative du Réseau du Souvenir, une association également à l’origine du Mémorial des martyrs de la Déportation sur l’Ile de la Cité à Paris.

Chaque année, le cortège officiel se rend au Mémorial de la Shoah puis au Mémorial des martyrs de la Déportation, avant de raviver la flamme du Soldat inconnu à l’Arc de triomphe.

La diffusion du film s’accompagne de ressources pédagogiques, conçues avec le concours d’Anne Anglès, l’enseignante qui a inspiré le film :

 

LA SHOAH ET L’UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE

L’extermination des Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale provoque la mort d’environ 6 millions de personnes. Ce génocide est appelé en hébreu Shoah, catastrophe.

La persécution des Juifs est une composante essentielle de la politique du IIIe Reich, fondée sur un antijudaisme ancien et sur une vision raciale aux fondements politiques et prétendument biologiques, justifiant l’existence de races et leur inégalité. Les Juifs sont exclus par les nazis de l’espèce humaine et assimilés à des parasites qu’il serait nécessaire d’extirper d’une société désormais fondée sur la suprématie d’une supposée race dite « aryenne ». A partir de 1941, les Juifs d’Europe deviennent la cible d’une extermination physique à l’échelle du continent tout entier, mise en œuvre par le gazage homicide, les fusillades massives et la famine organisée. Le génocide des Juifs d’Europe se déroule ainsi en marge du système concentrationnaire nazi, dans les centres de mise à mort de Chelmno, Sobibor, Belzec et Treblinka, non sans que ces politiques criminelles s’entremêlent parfois, notamment au camp d’Auschwitz-Birkenau.

Avec l’arrivée au pouvoir en Allemagne d’Adolf Hitler, en janvier 1933, une dictature est progressivement instaurée, supprimant les libertés et réprimant les oppositions. Les camps de concentration deviennent l’un des instruments essentiels de terreur employés par le IIIe Reich pour annihiler les résistances, inculquer par la force les principes nazis, se débarrasser des individus jugés néfastes ou déviants.

Les camps visent ainsi à servir les intérêts idéologiques et sécuritaires du régime nazi au gré de ses évolutions.

Le pogrom en Novembre 1938, qualifié de « Nuit de Cristal » par la propagande nazie, est marqué par l’arrestation massive de Juifs allemands et autrichiens, et leur internement dans les camps de Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen. Les survivants sont relâchés quelques mois après contre l’engagement de quitter définitivement l’Allemagne avec leurs familles spoliés de leurs biens.

Après les annexions successives et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, la population des camps s’étend et s’internationalise.

Avec le développement d’une « guerre totale » en 1942, les camps vont servir également de réservoir de main d’œuvre pour l’industrie de guerre. Destinés à être assassinés, des centaines de milliers de Juifs sont temporairement laissés en vie pour contribuer à ces objectifs économiques et intègrent l’univers concentrationnaire.

L’avancée des troupes alliées provoquent l’évacuation des détenus vers le cœur du IIIe Reich lors de « marches de la mort ». Sur les 700 000 détenus recensés en janvier 1945, 250.000 à 300.000 décèdent durant ces transferts du fait de leur extrême épuisement ou sont victimes de massacres.

Le camp de Buchenwald et ses kommandos extérieurs deviennent ainsi l’une des principales destinations de ces colonnes, qui comprennent alors plus de 30.000 détenus juifs sur plus de 110.000 prisonniers immatriculés. Le 11 avril 1945, l’armée américaine découvre à Buchenwald parmi les déportés survivants un millier d’enfants et adolescents juifs.

 

LA RÉSISTANCE DANS LES CAMPS

Malgré l’oppression, les conditions de vie et les dangers encourus dans les camps nazis, une résistance clandestine a pu s’établir, sous de multiples formes et avec une importance variable. C’est à Buchenwald qu’elle se développe de manière la plus aboutie, autour des militants communistes, parvenant notamment à renverser les détenus de droits communs dans le contrôle de l’administration intérieure, à préparer une insurrection ou à prendre en charge les enfants en les regroupant et en organisant la solidarité en leur faveur pour permettre leur survie.

 

LEON ZYGUEL ET SA FAMILLE

Léon ZYGUEL. Photo Coll. Serge Klarsfeld

Né en 1927 dans une famille juive non pratiquante, Léon Zyguel grandit dans le 11ème arrondissement de Paris. L’occupation et les premières rafles signent la fin de l’insouciance pour Léon et ses 5 frères et soeurs. Son père, Aron, est raflé le 20 Août 1941. Sa mère se résout à faire passer ses enfants en zone sud. Arrêtés dans les Landes à proximité de la ligne de démarcation, les 4 plus grands dont Léon sont internés au camp de Mérignac. Un des frères de Léon, Marcel, parvient à s’évader. Avec Maurice, né en 1925, et Hélène née en 1922, Léon est transféré au camp de Drancy où il retrouve son père Aron.

Transférés ensuite au camp de Pithiviers, ils sont déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau par le convoi du 21 septembre 1942. Hélène est gazée à l’arrivée. Aron, Maurice et Léon sont sélectionnés pour le travail forcé. Aron, dont la santé fragile se dégrade du fait des conditions de détention, est assassiné. En janvier 1945, les deux frères sont évacués lors « marches de la mort » vers le camp de Buchenwald. Placés sous la protection de détenus communistes, ils rejoignent l’organisation clandestine et prennent part à la libération du camp, le 11 avril 1945.

Porté par sa volonté de préserver sa dignité, sa fierté de passer du statut de déporté racial à celui de résistant, Léon rentre à Paris en mai 1945. Âgé de 18 ans, il retrouve, avec Maurice, sa mère et 3 de ses frères et sœur. Il devient ouvrier maroquinier, se marie et vit à Montreuil où il poursuit son engagement militant au sein du parti communiste. Révulsé par le racisme et par le négationnisme, il participe activement à la transmission de la mémoire de la Shoah et témoigne au procès Papon en janvier 1998. Il est l’un des initiateurs du Comité Tlemcen à Paris pour porter le souvenir des enfants juifs déportés. Il décède en janvier 2015.

 

MINI-QUESTIONNAIRE :

  • Quelle est la différence entre les camps d’Auschwitz et de Buchenwald ?
  • Quelles sont les principales étapes de la vie de Léon Zyguel ?
  • Au camp, comment la solidarité a-t-elle été organisée pour aider les « enfants de Buchenwald » ?
  • Parmi les « enfants de Buchenwald », citez quelques personnalités devenues célèbres.
  • A quel concours l’enseignante veut-elle faire participer ses élèves ? Quand a-t-il été créé ?
  • Sur quelles sources la classe s’appuie-t-elle pour nourrir sa réflexion et son travail ?
  • Quels sont les moyens cinématographiques mis en œuvre pour montrer que l’on passe d’une classe faite d’élèves antagonistes à un groupe fédéré et mobilisé pour parvenir au bout de son projet ?

 

VIDÉO D’ANNE ANGLÈS :

Anne Anglès, enseignante d’histoire-géographie, revient sur le projet pédagogique mené dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation en 2008-2009, à l’origine du film Les héritiers.