s’est éteint ce jour à l’âge de 95 ans. Déporté à l’âge de 16 ans et survivant du convoi 28 , Paul Schaffer, a œuvré toute sa vie pour la transmission de la mémoire de la Shoah. Au Mémorial, auquel il était très attaché, il venait très souvent pour participer à des conférences ou des cérémonies. Il y venait également pour témoigner, en particulier devant des scolaires.
C’est d’ailleurs à la demande des élèves auprès desquels il témoignait que Paul Schaffer avait pris la décision de raconter son histoire dans un livre bouleversant et authentique intitulé Le soleil voilé (éd. Société des Ecrivains, 2003).
Officier de la légion d’honneur, citoyen d’honneur de la ville de Revel en Haute-Garonne, président d’honneur du Comité français pour Yad Vashem, Paul Schaffer était également membre du bureau de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Le Mémorial de la Shoah salue la mémoire de Paul Schaffer et présente ses condoléances à sa famille et à ses amis.
Né et élevé à Vienne, Paul Schaffer a vécu une enfance heureuse, entouré de sa sœur, ses parents et sa grand-mère. Sa vie change brutalement avec l’occupation de Vienne par les nazis et l’annexion de l’Autriche. Il découvre les humiliations, les persécutions et s’exile une première fois avec sa famille en Belgique.
En mai 1940, les Allemands attaquent la France par la Belgique et la Hollande. La famille Schaffer décide de quitter Bruxelles et se rend à Revel, un village du Sud-ouest de la France, non loin de Toulouse. La vie s’organise peu à peu : Paul, qui ne va plus à l’école, s’occupe du jardinage, effectue divers travaux domestiques et apprend le métier d’ébéniste.
A la fin de l’année 1940, les Schaffer sont « invités » à rejoindre « un camp de famille », le camp d’internement d’Agde, essentiellement composé de Juifs réfugiés d’Allemagne et d’Autriche. Une amie de la famille, habitante de Revel, use de son influence auprès de la préfecture, permettant ainsi à la famille de quitter le camp pour être assignée en résidence surveillée. Les Schaffer, peu informés, ne cherchent pas à quitter la France et ne se doutent pas du sort qui les attend.
A la suite de la rafle du Vel’ d’Hiv’, les Allemands font pression sur Laval, alors à la tête du gouvernement de Vichy, pour que les Juifs étrangers de la zone Sud soient ajoutés à la liste des déportations. C’est ainsi que Paul est arrêté le 26 août 1942. Sur les murs du camp de Drancy, où il reste quelque jours, il relève plusieurs inscriptions gravées par des déportés qui le marqueront à jamais : « Lorsqu’il n’y a plus rien à espérer, c’est là qu’il ne faut pas désespérer » et une autre assertion tragique « on entre, on crie et c’est la vie ; on crie, on sort et c’est la mort ».
Le 4 septembre 1942, par le convoi 28, Paul est déporté à Auschwitz avec sa mère et sa sœur qui sont gazées dès leur arrivée. Il échappe à ce sort : il est interné dans deux camps de travaux forcés, satellites d’Auschwitz : Tarnovitz, puis Schoppinitz, avant de rejoindre Birkenau en novembre 1943.
Au terme d’un insupportable séjour de six mois, Paul est transféré sur le site de Bobrek, où la société Siemens, profitant de la main d’œuvre bon marché, dispose d’une usine construite par des déportés. Les conditions y sont beaucoup moins pénibles qu’à Birkenau. A Bobrek, Paul rencontre Simone Veil (Jacob), sa sœur et sa mère. Ils se retrouveront après la guerre à Paris et noueront des liens d’amitiés indéfectibles.
En janvier 1945, la « marche de la mort » l’emmène vers le camp de Gleiwitz. Il est ensuite transporté vers l’ouest dans un wagon à ciel ouvert, mais réussit à sauter du train avec un ami et rejoint après quelques jours le front germano-soviétique. En attendant d’être rapatriés en France par l’armée française, Paul et son ami resteront à Cracovie jusqu’au mois d’avril 1945, heureux d’être libres à nouveau.
Une fois en France, Paul retourne à Revel, lieu de son arrestation. Il y apprend la mort de son père et découvre ce qui s’est passé durant la guerre. Au bout de deux mois, il quitte Revel pour Toulouse où il commence à travailler. Il obtient une bourse et reprend ses études en 1945. D’abord électronicien, il entamera ensuite une brillante carrière d’industriel, après avoir été enseignant dans une école juive de l’ORT (Organisation, Reconstruction, Travail).
Témoignage de Paul Schaffer au sein de l’auditorium du Mémorial de la Shoah, en novembre 2018 :