Une délégation du Mémorial de la Shoah et de l’Association des familles et amis des déportés du convoi 73 vient de rencontrer le ministre estonien de la Justice, Urmas Reinsalu, et les historiens de l’Institut estonien pour la mémoire, Meelis Maripuu et Toomas Hiio, afin d’échanger sur le devenir de la prison Patarei à Tallinn.
La création d’un musée des crimes du communisme est en projet. Une déclaration commune, également signée par les Fils et Filles des déportés juifs de France, a été remise à cette occasion, afin de rappeler l’importance de conserver sur place la mémoire des déportés du convoi 73.
Ces rencontres se sont déroulées en marge du voyage de la mémoire sur les traces du convoi 73 en Lituanie et en Estonie, du 7 au 11 mai 2018, organisé par le Mémorial de la Shoah et l’Association des familles et amis des déportés du convoi 73.
Tallinn, 9 mai 2018
Depuis 1993, les familles et rescapés de la Shoah viennent depuis la France honorer la mémoire des déportés juifs du convoi 73 partis du camp de Drancy le 15 mai 1944 vers la Lituanie et l’Estonie. Sur 878 hommes, 856 ont été assassinés, seuls 22 devaient retrouver leur terre natale en 1945.
300 de ces hommes furent transférés ici même par les nazis, dans la prison Patarei. Dans des conditions inhumaines, ils furent notamment soumis à des corvées de bucheronnage d’où ils ne revenaient pas et affectés à la construction de l’aérodrome de Lasnamäe.
Sur ces lieux, nous avons tenu à rappeler la tragédie vécue par les déportés de France et ceux de nombreux pays, à commencer par ceux d’Estonie.
L’association des Fils et Filles des déportés juifs de France présidée par l’historien et avocat Serge Klarsfeld a fait poser une plaque sur le mur d’enceinte de la prison. L’association Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73 est à l’origine du monument commémoratif érigé en 2010. L’association Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73 et le Mémorial de la Shoah ont porté conjointement la création d’un monument commémoratif sur le site de aérodrome de Lasnamäe en 2014.
L’histoire de la prison Patarei ne se résume pas à son utilisation criminelle par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes en effet sur un site de mémoire plurielle. Mais la singularité du destin des déportés juifs dans ce lieu ne saurait être ignorée ou minimisée.
Alors que le projet mémoriel de la prison de Patarei prend forme, nous réaffirmons l’impérieuse nécessité de préserver les traces des victimes du génocide des Juifs par les nazis et leurs collaborateurs ainsi que la transmission sous toutes ses formes de cette histoire singulière par un strict rappel des faits, par la recherche historique, par l’enseignement et par l’hommage à rendre aux victimes.
Les mémoires des différents crimes sur un même lieu ne s’opposent pas, ne s’excluent pas. Elles se complètent au contraire tout en rappelant chacune leur spécificité.
Le Mémorial de la Shoah
L’Association Les Fils et Filles des Déportés juifs de France
L’Association Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73