Les spécificités du génocide des Tutsi
des armes du quotidien
© Kigali Memorial Center, Gisozi, Rwanda. Cliché : Mémorial de la Shoah.
Cette pointe de lance ne représente qu’un exemple de la diversité des armes de chasse mobilisées pendant les massacres. Arcs (imihet), flèches (imyambi), massues (impiri), chiens à grelots (intozo) forment l’essentiel d’un arsenal cynégétique employé pour chasser (guhiga) des victimes perçues – et qui se vivent elles-mêmes – comme du gibier.
Les tueurs puisent d’ailleurs au registre de la chasse pour décrire leurs expéditions sanglantes et les Tutsi sont désignées sous le terme «abahigwaga», «les chassés». Dans certaines régions du pays, les populations réputées pour leurs compétences cynégétiques furent recrutées dans les tueries en raison de ce savoir spécifique.
C’est sans doute dans la mobilisation des mots et des armes de la chasse qu’apparaît de la manière la plus significative le processus d’animalisation des victimes.