Maus est un récit autobiographique qui alterne deux époques : les années 1980, les années pendant lesquelles Art Spiegelman écrit son livre et les années 1930-1940 avec les témoignages bouleversants du passé de sa famille et la vie personnelle de Vladek, son père.
Ayant une grande
difficulté à communiquer avec son père, Art Spiegelman entreprend l’écriture de
la vie de son père Vladek, juif polonais, déporté à Auschwitz en 1944 avec sa
femme, après une vie périlleuse de 1940 à 1944 allant de cachette en cachette
pendant l’occupation allemande de la Pologne. Art questionne donc son père sur
les conditions de vie de l’avant-guerre, du ghetto et du camp de concentration.
Dès
septembre 1939, les drapeaux nazis envahissent la Pologne après l’invasion du
pays par l’armée allemande. Vladek est un petit représentant en commerce et la
famille d’Anja, son épouse, est riche. Prisonnier de guerre, il rentre tout de
même chez lui, sain et sauf.
En
1942, le génocide commence dans les camps avec les chambres à gaz dont tout le
monde connaît l'existence et la fonction dans le ghetto. Les crimes, les
contrôles sans raison se multiplient. Il faut toujours montrer des papiers de
travail pour survivre le plus longtemps possible.
Malgré toute la ruse dont ils font preuve et les richesses
qu‘ils possèdent, la chance tourne en 1944. Vladek est conduit à Auschwitz et
Anja à Birkenau. « C’est là que les ennuis commencent » dit-il
ironiquement : les insultes, les humiliations, le travail forcé, l’odeur
des morts, les maladies, les coups… Rien ne leur est épargné. Mais Vladek se
débrouille pour pouvoir survivre. En effet, dans le camp, Vladek change souvent
de « kommando », ce qui lui permet de connaître un maximum de personnes,
comme par exemple des kapos. Il essaie toujours d’être serviable, poli,
travailleur afin d’être le mieux vu possible pour échapper à la mort. Tous les
petits travaux appris avant la guerre et dans le ghetto lui sauvent la vie car
il s’en sert au camp. Il travaille un moment en menuiserie, en zinguerie, en
cordonnerie et il donne même des cours d’anglais à un surveillant. Ses loyaux
services lui permettent de recevoir des doubles rations de nourriture, du
papier pour écrire des lettres à sa femme qui se trouve à Birkenau. Ces
« petits trésors » qu’il obtient, peuvent paraître banals ou inutiles
à l’extérieur du camp, mais à l’intérieur de celui-ci ils lui permettent de faire du troc pour avoir le droit à de
nouveaux vêtements, une nouvelle paire de sabots à la bonne taille, une
cuillère… En janvier 1945 c’est la terrible « marche de la mort » au
moment où l’Armée Rouge arrive à proximité du camp les Nazis emmènent les
survivants dans d’autres camps en Allemagne.
Anja et Vladek sont des survivants, ils ont survécu aux camp
d’extermination. Ils retrouvent une vie
normale en Pologne puis en Suède et aux Etats-Unis mais ces quelques années ont
suffi à les détruire psychologiquement, Anja se suicide en 1968.
On
découvre Vladek au fur et à mesure de l’histoire comme un homme difficile à
vivre, maniaque, avare, égocentrique… C’est le résultat de la terreur et de la
faim ! Il va même jusqu’à tenir des propos racistes contre un
auto-stoppeur noir. Il n’apparaît pas très sympathique malgré tout le courage
dont il a fait preuve pendant la guerre pour sauver les siens.
Les personnages sont
incarnés par des animaux qui diffèrent selon la nationalité, ou comme disait
Hitler, selon la « race ». Les juifs sont représentés en souris, les
Allemands en chats et les Polonais en cochons. L’acharnement des Allemands
contre le peuple juif, est donc symbolisé dans Maus par l’incontournable
poursuite entre le chat et la souris.
Les dessins sont sobres. Les deux tomes sont en noir et blanc les hachures et les gris ont un rôle narratif important.
Une BD sur la Shoah : Du témoignage à
l’histoire.
1)
Proposez un
titre pour les planches 1,2,4,5 et7
2)
Planche 1 : En quoi la sentence rendue par les Nazis
est-elle particulièrement terrible ?
3)
Relevez dans
la planche 2 toutes les atteintes à la dignité humaine .
4)
Planche 3 : Qu’est-ce qu’une Selektion ?
5)
Planche 4 : Quels éléments textuels et graphiques
montrent le souci d’exactitude historique d’art Spiegelman ? Pourquoi
n’a-t-il figuré aucun personnage sur cette planche ?
6)
Planche 5 : Pourquoi les Nazis évacuent-ils les
déportés ? Expliquez comment Spiegelman exprime plastiquement la sensation
de promiscuité ( cadrage, éclairage) ? Quels éléments graphiques et
textuels nous font ressentir la longueur du voyage ?
7)
Relevez dans
la case 6 tous les éléments symbolisant la déportation.
8)
Quelles
réflexions vous inspire cette bande dessinée sur la valeur du témoignage en
histoire ?
1) Planche 1 : La terreur nazie dans le ghetto
de Varsovie
Planche
2 : L’humiliation et la déshumanisation dès l’arrivée dans le camp
Planche
4 : Les chambres à gaz
Planche
5 : La marche de la mort
Planche
7 : La maladie, l’épidémie dans le camp
2) Dans la planche 1, la sentence rendue par les
nazis est particulièrement terrible car les pendus exposés pendant une semaine
en pleine rue servent d’exemple pour montrer aux juifs qu’ils pouvaient être
tués à tout moment. C’est d’autant plus douloureux qu’on ne respecte pas le
corps de ces hommes pendus.
3) Dans la planche 2, nous pouvons observer plusieurs atteintes à la dignité humaine. En effet, dès leur arrivée au camp, les hommes sont déshabillés, rasés, battus et ils perdent leur identité nominative puisqu’ils sont tatoués au fer rouge d’un numéro, comme nous le faisons pour du bétail. Après cette première humiliation, les hommes doivent marcher nus dans la neige afin de recevoir des habits, rayés. Ces habits n’étaient pas donnés suivant la taille des hommes pour les humilier encore plus.
4) Dans la planche 4, nous pouvons voir ce qu’on
appelle une selektion. Celle-ci consiste à garder les déportés les plus
aptes à continuer de travailler, puis tuer dans les chambres à gaz les plus
faibles qui ne seront d’aucune aide. Les selektions se faisaient quotidiennement,
les hommes étaient nus et dehors, qu’il pleuve, vente ou neige... Les enfants,
les personnes handicapées, les personnes âgées... étaient dès leur arrivée
envoyés à la mort.
5) Dans la planche 4, Art Spiegelman fait preuve
d’une grande exactitude puisqu’il y dépeint le plan exact des chambres à gaz et
des fours crématoires. L’exactitude se traduit aussi grâce aux dessins des
différents niveaux de ces installations mortelles. Nous pouvons aussi lire
toute l’hypocrisie que les nazis faisaient subir aux victimes. En effet, il est
possible de lire : « IMPORTANT, souvenez vous du numéro de votre
porte manteau. » Ceci est très hypocrite car nous savons très bien que les
propriétaires des affaires installées sur les porte - manteaux ne les ont plus
jamais revus. Il n’y a aucun personnage dessiné d’après le témoignage de Vladek
mais d’après des témoignages indirects car ceux qui ont vu cet endroit n’en
sont jamais ressortis.
6) Dans la planche 6, nous pouvons voir que les
nazis évacuent les déportés car on est en janvier 1945, l’Armée Rouge approche
il faut donc partir afin que personne ne découvre toutes les atrocités faites
aux déportés. Ainsi les chambres à gaz ont été dynamitées. C’est « la
marche de la mort ». Ce retour en Allemagne se fait dans les mêmes
conditions que celles de l’arrivée c'est-à-dire en train de marchandise, dans
le froid, sans air... Sur cette planche, l’auteur, fait ressentir la longueur
du voyage grâce aux termes qu’il emploie afin de décrire ce retour :
« et le train roulait, roulait... ». Cette répétition du verbe
rouler exprime la continuité du voyage ; « des jours et des
nuits » : cette opposition entre ces deux moments de la journée
montre là aussi la continuité du trajet. « Et un jour ils ont ouvert » :
cette expression montre la surprise de l’ouverture des trains qui étaient si
attendus par les voyageurs. Quelques éléments graphiques montre cette longueur
grâce au plan entre le camp d’Auschwitz en Pologne et la ville de Breslau en
Allemagne. Cette longueur exprimée graphiquement, ressort aussi grâce aux
traits fatigués des personnes à l’ouverture des trains. On peut de plus
observer un cadrage spécifique où seules les extrémités des personnes sont
apparentes (têtes, pieds). Les hommes ne se distinguent pas les uns des autres,
ce sont des images très sombres qui nous révèlent le nombre important de
déportés dans un même wagon.
7) Dans la case 6, les éléments symbolisants la
déportation sont : l’étoile de David, les vêtements rayés des victimes, le
matricule cousu sur les habits, les barbelés entourant et délimitant le camp et
enfin le mirador qui abritait le surveillant muni d’un fusil qui décidait de la
vie ou de la mort.
Grâce à cette BD, j’ai pu
me rendre vraiment compte de l’horreur que vivaient les Juifs polonais dans le
ghetto, et les Juifs ou autres prisonniers dans les camps de concentration.
Le
tome I de Maus nous explique bien comment les Juifs survivaient dans le
ghetto au début de la Guerre. Les conditions de vie, les différents moyens pour
trouver de la nourriture, des endroits pour dormir, pour protéger les familles…
Dans
le tome II, l’auteur montre ce qu’a vécu
Vladek dans le camp de concentration et comment il a réussi à survivre grâce à
ses connaissances personnelles et aussi à beaucoup de chance… Les moments où on
nous explique comment ils étaient traités sont terribles. La « marche à la
mort » a été très dure notamment lorsqu’ils étaient enfermés plusieurs
jours dans le même wagon, souvent une semaine entière, sans manger ni boire, et
qu’ils devaient vivre au milieu des morts.
En résumé, cette BD est bien plus qu’une BD.
Elle est pédagogique et très représentative de la réalité. Elle m’a beaucoup
apporté. Même si aux premiers abords elle n’est pas très attirante à cause des
dessins en noir et blanc, du nombre important de petits détails, etc. On s’y
habitue dès les premières pages et en seulement quelques heures, on a terminé
sans même s’en rendre compte !
Je la
conseille vraiment à tous en connaissance de cause!
Maus raconte les souvenirs d’un père survivant de
l’Holocauste.
Cette
BD n’est pas ordinaire de part son sujet et a été récompensée du prix Pulitzer.
Raconter sous forme d’une BD ce génocide paraissait inimaginable mais l’auteur
a su y intégrer l’enfer des camps et un certain malaise personnel qu’on ressent
du début à la fin. Pendant la lecture, on est étonné de découvrir la
représentation des personnages : les juifs sont des souris, les allemands
des chats, les polonais des cochons, les américains libérateurs des chiens, et
les français des grenouilles. On pourrait penser que cette représentation
décrit une fable de La Fontaine dont on aurait ôter toute morale et toute
illusion d’un avenir plus clément. Dans cette BD, l’auteur ne nous épargne
rien : les conditions, la vie dans les camps, et le travail y sont
exposés.
On peut aussi dire que cette BD est
autobiographique
car
on y voit la relation entretenue entre un père et un fils apparaissant comme
difficile.
On ne peut rester de marbre à la lecture des pages,
ne pas prendre peur.
L’auteur veut nous faire imaginer cette réalité
macabre, nous la faire accepter et tout faire pour qu’un tel drame ne
recommence pas.
J’ai beaucoup aimé lire ces deux albums. En effet
la bande dessinée est une manière de découvrir la dureté de la vie d’un homme
juif en Pologne, occupée par les Nazis, d’une manière différente de celle des
manuels scolaires ou des romans.
L’histoire de Vladek Spiegelman m’a énormément
touchée. J’admire la manière dont cet homme a essayé de s’en sortir. Cette
débrouille continuelle, ses connaissances et sa modestie sont, je pense, les
facteurs de sa survie. Même si il a beaucoup douté, il a toujours gardé
confiance. Son amour pour sa femme était très fort. Il trouvé donc la force
dans celui-ci afin de garder l’espoir de sortir à ses côtés.
L’antisémitisme, la collaboration et la
dénonciation m’ont énormément choquée. Je savais que ces facteurs étaient la
cause de nombreuses déportations mais dans ces livres ils apparaissent beaucoup
et de manière courante. Heureusement, les Spiegelman , grâce à leur argent, ont
su s’organiser et ont su « acheter » les services auprès de leurs
connaissances polonaises. Et oui même ami, les services de protection ou d’alimentation
se payaient !
A travers cette lecture j’ai ressenti une grande
leçon d’humanité et de modestie. Il me semble donc nécessaire de perpétuer
cette mémoire quelque soit la génération car notre devoir est de ne pas oublier
ce que tous ces innocents ont vécu et surtout pour éviter que cela recommence.
Nous
nous devons de leur rendre hommage.