La « Nuit de Cristal » suscite l’indignation
et de vives protestations dans un grand nombre de pays occidentaux, sans
pour autant provoquer de modifications de la politique d’immigration
de ces Etats.
« Le monde semble être divisé en deux parties : les
endroits où les Juifs ne peuvent pas vivre et ceux où ils
ne peuvent pas entrer » déclare déjà en 1936,
Haim Weizmann, chef de file du mouvement sioniste. En 1938, les frontières
se ferment encore un peu plus.
Si les critiques de la « Nuit de Cristal » sont vives dans la presse, le gouvernement Daladier reste muet afin de ne pas compromettre le rapprochement en cours avec l’Allemagne nazie (les accords Ribbentrop-Bonnet). De 1933 à 1937, la France a accueilli plusieurs dizaines de milliers de réfugiés provenant essentiellement d’Allemagne et d’Autriche. Cependant, le gouvernement du Front populaire crée un sous-secrétariat d’état à l’immigration en 1937 et le droit d’asile est restreint en 1938. En février 1939, le pays est submergé par l’arrivée de 500 000 réfugiés espagnols.
La terreur vécue pendant la « Nuit de Cristal », les arrestations massives et la vague de nouvelles lois, transforment le flot migratoire en exode massif. Le 24 janvier 1939, Goering charge Wilhelm Frick, ministre de l’intérieur, de « réaliser par tous les moyens l’émigration des Juifs hors d’Allemagne ». Ce même mois de janvier, l’Office central pour l’émigration juive est fondé à Berlin sous la direction de Reinhard Heydrich. Sur le plan intérieur, Goering prend la relève de Goebbels pour l'organisation des suites du pogrom. La réunion des principaux responsables nazis du 12 novembre 1938, décide de la multiplication des mesures antijuives: dissolution des organisations juives (à l'exception du Reichsvertretung, organe représentatif des Juifs d'Allemagne, du Kulturbund, organisation culturelle et de l'office palestinien de l'organisation sioniste), suppression de la presse juive, restriction des déplacements des Juifs dans les lieux publics, expulsion des Juifs de leurs logements et concentration dans des « maisons juives ».
En mai 1939, le Royaume-Uni décide de limiter
strictement l’immigration en Palestine en annonçant la mise
en place d’un « Livre blanc » réduisant
l’accueil des réfugiés à 75 000 Juifs pour
5 ans.
Soucieux de préserver leurs intérêts dans la région,
les Anglais préférèrent maintenir le statu quo.
Les forces navales britanniques n’hésitent pas à intercepter
et à renvoyer à leurs ports de départ, généralement
Constanza en Roumanie, les bateaux chargés de Juifs pour lesquels
la Palestine est le dernier espoir : le 25 mars 1939, le Sandru
avec 269 réfugiés, le 6 avril 1939 l’Astir
avec 698 réfugiés, le 23 avril 1939 l’Assimi
avec 250 réfugiés.