Entre 1941 et 1944, près d’un million et demi de Juifs d’Ukraine a été assassiné lors de l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. L’immense majorité est morte sous les balles des Einsatzgruppen (unités de tueries mobiles à l’Est), d’unités de la Waffen SS, de la police allemande et de collaborateurs locaux. Seule une minorité d’entre eux l’a été après déportation dans les camps d’extermination.
Connus par les Britanniques et les Américains dès 1941, ces massacres sont partiellement recensés par les commissions soviétiques en 1944-45. Les principaux auteurs de la « Shoah par balles » sont jugés lors du procès des Einsatzgruppen à Nuremberg en 1947-48 et, à partir de la fin des années 1950, en République Fédérale d’Allemagne.
Malgré les récits des rares survivants et les enquêtes judiciaires, cette histoire de la Shoah qui s’est déroulée à l’Est de l’Europe reste peu connue. Depuis 2004, le père Patrick Desbois et l’équipe de recherche de Yahad-In Unum retrouvent de nombreux témoins ukrainiens ayant vu les massacres ou ayant été réquisitionnés lors des exécutions de Juifs. Les témoignages recueillis par Yahad, systématiquement confrontés aux informations des documents écrits, ont déjà permis la localisation de plus de cinq cents fosses communes jusqu’alors oubliées et le rassemblement d’éléments matériels du génocide (armes, douilles, balles). Il devient enfin possible de préserver et de respecter la sépulture des victimes.
L’exposition organisée au Mémorial de la Shoah du 20 juin 2007 au 6 janvier 2008 présente ces recherches toujours en cours, qui, en reconstituant les procédés des assassins, amènent à mieux comprendre comment a été mis en oeuvre le génocide des Juifs à l’Est de l’Europe. Elle propose de décrire les premiers résultats des recherches de l’équipe emmenée par le père Patrick Desbois, une partie des preuves balistiques retrouvées sur les sites et une sélection des témoignages recueillis depuis six ans par l’équipe de Yahad-In Unum. L’exposition retrace également l’expertise archéologique d’une fosse commune, menée dans le village de Busk à la demande du Mémorial de la Shoah par l’équipe du père Patrick Desbois en août 2006 et dont les résultats viennent confirmer la terrible réalité du génocide par balles mené entre 1941 et 1944 en Ukraine et sur l’ensemble du territoire soviétique par les troupes nazies.
La violence des récits contenus dans cette exposition nous invite à en déconseiller la visite aux enfants et aux adolescents.
Cette exposition a été réalisée par le Mémorial de la Shoah et l’association Yahad-In Unum, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, en partenariat avec France Culture et L’Histoire.
Commissariat général : Sophie Nagiscarde assistée de Marlène Rigler.
Commissariat scientifique : père Patrick Desbois, président de Yahad-In Unum, directeur du Service national des Evêques de France pour les relations avec le judaïsme, consultant au Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme, Edouard Husson, docteur en histoire, maître de conférences à l’université Paris IV-Sorbonne et Boris Czerny Maître de conférences en langue et civilisation russe, Département d’Etudes Slaves, UFR des Langues Vivantes Etrangères, Université de Caen Basse Normandie.
Assistés de Andrej Umansky, Fanny Chassain et Patrice Bensimon.
Scénographie : Natacha Nisic. Photographies contemporaines : Guillaume Ribot.
Membres d’un Einsatzkommando faisant feu sur des hommes debout au fond d’une tranchée. Circa : 1941-1942. Localisation inconnue. Photographe inconnu. © USHMM, courtesy of Dokumentationarchiv des Oesterreichischen Widerstandes.
Simferopol, Ukraine, 2006.
Fosse commune où furent fusillés 11000 Juifs. © Guillaume Ribot