Auteur et critique dramatique, directeur de théâtre,
Benjamin Fondane a toujours témoigné d'un vif intérêt pour le théâtre.
Sa première pièce, Le Reniement de Pierre, publiée en 1918, est
un poème dramatique inspiré d'un épisode du Nouveau Testament.
De 1916 à 1923, Fondane est le critique théâtral attitré de la revue Rampa
(La Rampe) à Bucarest. Il publie également des articles sur le théâtre
dans des revues juives. Un article de 1920, consacré à Maeterlinck,
vise déjà un théâtre sans paroles : «Il y a dans la vie des instants
où le gouffre est si proche que le cri même est dissonant».
En 1922 à Bucarest, il fonde Insula, un théâtre d'avant-garde
marqué par le théâtre du Vieux-Colombier de Jacques Copeau,
choisissant comme devise: «Pour l'oeuvre nouvelle, qu'on nous laisse
un tréteau nu.»
Parmi les comédiens se trouvent sa soeur Line et son beau-frère
Armand Pascal qui sera régisseur au théâtre des Champs-Élysées
dans les années 1920. Cette expérience théâtrale est de courte durée et
s'interrompt à la suite de difficultés financières et d'incidents antisémites.
En 1929, à Paris, lié d'amitié à Antonin Artaud, il prend
la défense de son théâtre, l'encourageant à aller le plus loin possible
vers un «théâtre sans mots».
Les deux grandes pièces de Fondane, dont il existe une première version
roumaine, datent de 1932 : Le Festin de Balthazar, inspiré par
Calderon, et Philoctète, plus proche de Sophocle
et du Livre de Job que de la pièce du même titre de Gide.
En 1943, il écrit Le Puits de Maule, une adaptation du roman de
Nathaniel Hawthorne, La Maison aux sept pignons.
Son théâtre est un lieu où se rencontrent sa poésie prophétique et sa
vision philosophique. Les protagonistes sont des révoltés, des personnages
qui défient l'ordre et la raison d'État, pour le juste et l'absolu.