Lorsque les soldats des armées alliées pénètrent dans les camps, ils sont confrontés de plein fouet à une réalité qu’ils ignorent, celle de l’univers concentrationnaire nazi fait de charniers, de mourants et de corps squelettiques en tenues rayées, trop faibles pour se mouvoir.
Les principaux camps d’extermination ont été liquidés pendant la guerre (Treblinka, Sobibor et Belzec à l’automne 1943). Le camp de Lublin-Maidanek, est vidé de ses détenus fin juillet 1944 en prévision de l’avancée de l’Armée rouge, tandis que le camp de Chelmnö est incendié les 17 et 18 janvier 1945.
Auschwitz est libéré fortuitement par l’Armée rouge dans l’après midi du 27 janvier 1945. Elle y trouve environ 7 000 rescapés. Quelques jours auparavant, les nazis avaient jeté sur les routes les détenus encore valides afin de les évacuer vers d’autres camps. Ceux qui survivent à ces marches de la mort sont dispersés dans les camps de concentration allemands et autrichiens.
C’est dans la même improvisation que ces camps, situés plus à l’Ouest, sont libérés en avril 1945 par les États-Unis (Ohrdruf, Nordhausen, Buchenwald, Dachau, Mauthausen) et les Britanniques (Bergen-Belsen).
Près d’un tiers de la population juive mondiale et plus de la moitié des Juifs d’Europe ont disparu dans la Shoah.
A la fin du mois d’octobre 1945 on dénombre un million de personnes, dont 250 000 Juifs, principalement originaires d’Europe centrale et orientale, internées dans les camps de personnes déplacées organisés par les américains et les britanniques, essentiellement en Allemagne (185 000), en Autriche (45 000) et en Italie (20 000).
Beaucoup de rescapés de la Shoah refusent de retourner en Europe centrale et orientale, en raison de l’antisémitisme présent ou de la destruction de leur communauté d’origine au cours de la Shoah. Parmi eux figurent ceux qui ont regagné la Pologne mais qui, confrontés à une vague d’antisémitisme, notamment à Kielce où en juillet 1946, 41 Juifs sont mis à mort au cours d’un pogrom, renoncent à se réinstaller. Ces rescapés ne souhaitent pas retourner dans leurs pays d’origine, alors que les frontières des États-Unis, de la Palestine et des autres pays d’Europe leurs sont fermées.
Selon le rapport d’une commission d’enquête dirigée par Earl G. Harrison, doyen de la faculté de droit de l’université de Pennsylvanie, remis en août 1945 au président américain Truman, les conditions de vie dans ces camps sont difficiles : surpeuplement, mauvais équipement sanitaire et maladresses des militaires qui gardent les D.P. comme des prisonniers. Psychologiquement, le séjour prolongé de ces rescapés s’apparente à un nouvel emprisonnement derrière les barbelés. Parfois, les Juifs toujours vêtus de leurs tenues rayées côtoient dans l’enceinte des camps des nazis et leurs collaborateurs.
Le président Truman intervient personnellement en faveur des réfugiés et des orphelins de guerre par une « Directive du 22 décembre 1945 » permettant d’attribuer en trois ans 35 515 visas américains à des D.P. dont 28 000 à des Juifs. Par ailleurs, le président américain demande à la Grande-Bretagne d’accueillir 100 000 D.P. en Palestine, mais celle-ci refuse, fidèle au Livre blanc de mai 1939 et soucieuse de ne pas s’aliéner les populations arabes.
Des jeunes juifs roumains dans le camp de personnes déplacées de Feldafing, en Allemagne, posent devant le portrait de Théodore Herzl, fondateur du sionisme, 1946.
© Mémorial de la Shoah/CDJC, coll. Rachel Jedinak.
Affrété à Marseille par l’organisation sioniste révisionniste (Jabotinski), le Parita part le 13 juillet 1939 de Roumanie avec plus de 800 personnes à son bord. À court de charbon et d’eau, le bateau stationne au large des côtes turques dans des conditions sanitaires désastreuses. Les autorités turques ordonnent la mise en quarantaine du bateau. Malgré cela, le Parita poursuit sa route et le 23 août, le bateau s’échoue sur une plage de Tel-Aviv. Nombre de ses passagers seront envoyés au camp d’Atlit près de Haïfa par les autorités britanniques.
© Yad Vashem.