L’alerte au monde
À partir d’octobre 1941, l’information sur les massacres opérés derrière le front russe, puis le témoignage d’un
évadé du camp de Chelmno, décrivant le procédé de mise à mort, parviennent
à Varsovie. Les membres d’Oyneg Shabbes prennent conscience de l’existence
d’un plan hitlérien d’extermination totale (« Ausrottung ») des Juifs d’Europe.
Oyneg Shabbes se consacre dès lors à l’information sur le processus d’extermination.
Les activités d’investigation prennent le pas sur la constitution des
archives. Pour tenter d’alerter le monde sur le génocide en cours, Emmanuel
Ringelblum, Eliahu Gutkowski et Hersz Wasser créent une agence d’information,
diffusant des bulletins pour la presse clandestine : Wiadomosci, en polonais,
et Mitteylungen, en Yiddish. Un premier rapport destiné au gouvernement
polonais en exil est transmis à sa délégation clandestine à Varsovie,
qui parvient à Londres en avril 1942.
Conscients de l’importance des témoignages qu’ils réunissent, les membres
d’Oyneg Shabbes leur attribuent un rôle à venir : ils constitueront des
pièces à conviction sur lesquelles un tribunal futur pourra fonder l’acte
d’accusation à l’encontre du nazisme.