LE RÔLE DES FFL, DES FFI, DES FTP-MOI ET DE LA POPULATION CIVILE EN FRANCE Dès avril 1942, le général de Gaulle avait déclaré que la libération nationale ne pouvait être sépa- rée de l insurrection nationale. Le 6 juin 1944, il appelle tous les Français à « combattre l ennemi par tous les moyens dont ils disposent ». S il a pu être exagéré, le rôle militaire de la Résistance n a pas été négligeable. La période des mois de juin et juillet 1944 révèle pourtant d abord les faiblesses de la résistance armée. Face à des troupes supérieures en nombre et mieux équipées, les tentatives de libération anticipée menées par les FFI et FTP échouent et les réseaux de maquisards sont démantelés (maquis du Mont-Mouchet en juin, celui du Vercors fin juillet). La situation évolue en août : coordonnant davan- tage leurs actions avec la stratégie alliée, FFI et FTP participent à la libération de nombreuses régions. Le long du couloir rhodanien, ils « ouvrent » la voie aux Alliés qui remontent vers le Nord après le débarquement de Provence du 15 août. Annecy est libérée dès le 19 par les seules forces FFI. Les Alliés sont à Grenoble dès le 22, et à Lyon le 3 septembre, alors qu on prévoyait que plusieurs mois seraient nécessaires. Dans les régions du centre de la France, FFI et FTP profitent de l ordre de retraite donné par Hitler pour attaquer des garnisons isolées. Les maquisards libèrent Brive le 15 août, puis Limoges le 21. L une des principales victoires à mettre à l actif des FFI est également la reddition, dans l Indre, le 10 septembre, de la colonne Elster, harcelée tout au long de sa retraite depuis le Sud-Ouest par les maquisards. Pour renforcer l image d une France se libérant par elle-même, de Gaulle utilise les unités FFL, notamment la 2e DB du général Leclerc, à qui il assigne des objectifs symboliques comme Paris ou Strasbourg. À partir de septembre 1944, l amalgame per- met aux FFI et FFL de combattre côte à côte. Leur rôle dans les combats de la Libération va permettre de fournir les éléments symboliques pour que la vision gaullienne d une « France libérée par elle-même » puisse se développer, même si les historiens ont par la suite démontré que la Résistance était toujours restée le fait d une minorité.
nement de Londres. La contre-attaque allemande est impitoyable. La ville est aussitôt pilonnée par l artillerie lourde et l aviation. Les insurgés sont traqués dans des combats de rue sans merci. L Armée rouge, arrivée le 10 septembre sur les bords de la Vistule, ne bouge pas. Staline voit en effet dans l annihilation de l insurrection le meilleur moyen d éliminer le mouvement démo- cratique polonais. Les derniers combattants se rendent le 2 octobre. La population civile est évacuée (une partie est ensuite déportée vers Auschwitz) et la ville presque entièrement rasée. Le 17 janvier 1945 les Soviétiques entrent dans une cité entièrement en ruine et peuplée seule- ment de quelques milliers d habitants.
Budapest : une bataille urbaine La bataille de Budapest s engage le 29 décembre 1944. Elle oppose les armées soviétiques des 2e et 3e fronts d Ukraine et les forces qui défendent la ville, composées d unités de l armée hongroise fidèles au régime des Croix-Fléchées, de la Wehrmacht et de la SS. Les combats prennent rapidement la forme d une guérilla urbaine. On se bat dans chaque immeuble, chaque parc, jusque dans les cimetières. Près d un million de civils piégés tentent de survivre sous terre, se nourrissant parfois des chevaux qui errent dans la ville. Le 13 février, lorsque les combats se terminent, Budapest est un champ de ruines. Les cinq ponts qui franchissaient le Danube sont détruits. Près de 40 000 civils hongrois ont trouvé la mort (dont la moitié sont les derniers Juifs du ghetto, massacrés par les Croix-Fléchées et leurs partisans hongrois). La bataille de Budapest, largement méconnue en dehors de la Hongrie, est un moment majeur des combats de la fin de la guerre dans l est de Europe.
▲ Artilleurs russes dans les rues de Budapest, février 1945. © Tallandier / Bridgeman Images
▲ Affiche des Forces françaises de l Intérieur, représentant Churchill, de Gaulle, Staline et Roosevelt, diffusée en 1944. © Mémorial de la Shoah.
1944
ROME (ITALIE) 4 JUIN ARROMANCHES 6 JUIN BAYEUX 7-8 JUIN CHERBOURG 26 JUIN CAEN 19 JUILLET RENNES 4 AOÛT QUIMPER 9 AOÛT LE MANS 9 AOÛT NANTES 12 AOÛT ORLÉANS 17 AOÛT GRENOBLE 22 AOÛT
CANNES 24 AOÛT PARIS 24-25 AOÛT TOULON 26 AOÛT CLERMONT-FERRAND 27 AOÛT MARSEILLE 28 AOÛT MONTPELLIER 29 AOÛT NÎMES 29 AOÛT ROUEN 30 AOÛT REIMS 30 AOÛT BORDEAUX 2 SEPTEMBRE NICE 2 SEPTEMBRE
LYON 3 SEPTEMBRE LILLE 3 SEPTEMBRE BRUXELLES (BELGIQUE) 4 SEPTEMBRE BESANÇON 6 SEPTEMBRE DIJON 13 SEPTEMBRE CALAIS 1er OCTOBRE METZ 21 NOVEMBRE MULHOUSE 21 NOVEMBRE STRASBOURG 23 NOVEMBRE BELFORT 25 NOVEMBRE
1945
VARSOVIE (POLOGNE) 14 JANVIER COLMAR 2 FÉVRIER BUDAPEST (HONGRIE) 13 FÉVRIER ROYAN 18 AVRIL MILAN (ITALIE) 25 AVRIL TURIN (ITALIE) 25 AVRIL GÊNES (ITALIE) 25 AVRIL DUNKERQUE 9 MAI LORIENT 10 MAI SAINT-NAZAIRE 10 MAI
▲ Appel du commandant de la région de Paris des FFI, Henri Rol-Tanguy, à la population parisienne à rejoindre les Forces françaises de l Intérieur, le 6 août 1944. © Mémorial de la Shoah
Chronologie de la libération des villes