@ Exposition « Une artiste Rom dans le siècle, Ceija Stojka », La Maison Rouge, Paris, février-mai 2018 Exposition itinérante Disparus de la Terre. La déportation des Juifs et des Tsiganes du Nord-Pas-de-Calais et de Belgique réalisée par La Coupole - www.lacoupole-france.com/pedagogique/professeurs/expositions-itinerantes/disparus-de- la-terre.html Site du Mémorial de Neuengamme - www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/fr Site du Bunker « Valentin » - www.denkort-bunker-valentin.de/francais.html
BRÊME-FARGE, LE BUNKER VALENTIN ET LE CAMP ANNEXE DE NEUENGAMME En 1942, les Alliés gagnent progressivement la maîtrise du ciel allemand. Les attaques sur les usines d armement deviennent plus fréquentes et il est décidé de transférer autant que possible la production de guerre vers des tunnels souter- rains et des bunkers à l épreuve des bombes. À Brême, haut-lieu des chantiers navals, l amiral Dönitz donne l ordre de construire au bord de la Weser une immense structure en béton pour abriter le montage à la chaîne de sous-marins d un nouveau type. Il espère ainsi, grâce à cette arme « miracle », marquer un tournant dans le cours de la guerre. Le projet devient priorité absolue ; matériaux et travailleurs originaires de toute l Europe y sont envoyés en abondance. Le chantier est immense. Environ 8 000 travailleurs forcés y sont affectés jour et nuit, déployés en deux équipes. Prisonniers de guerre, prisonniers de la Gestapo, détenus concentrationnaires ratta- chés au camp de Neuengamme, travailleurs civils requis de force dans tous les pays occupés par les troupes allemandes : c est une véritable tour de Babel qu abritent alors les différents camps aménagés à proximité du chantier. Les conditions de vie et de travail sont inhumaines, le taux de mortalité élevé du fait des sévices imposés par les gardiens et des maladies causées par la mal- nutrition systématique et les mauvais traitements. Fin mars 1945, les Alliés bombardent le chan- tier. Les camps sont évacués peu après. Les « marches de la mort » qui s ensuivent feront encore des milliers de victimes. Quand les troupes britanniques libèrent Brême, début mai 1945, ils découvrent un chantier et des camps vides. Il faudra attendre des décennies avant que soient thématisées les souffrances infligées aux travailleurs (hommes et femmes) forcés et que le Bunker devienne un « site du souvenir ».
de guerre allemande. Placé sous la responsa- bilité du SS Hans Kammler, il implique diffé- rents organismes : le ministère de l Air pour la production aéronautique, les services d Albert Speer ou l Organisation Todt. Parmi les projets les plus incohérents et qui ont coûté la vie à des milliers de déportés du camp de Buchenwald, celui de la construction, en novembre 1944, d un vaste quartier général pour Hitler à Ohrdruf est lui aussi pris en charge par Kammler. Pour tenter d augmenter la productivité et ratio- naliser le travail forcé dans ces camps, la SS instaure un système centralisé à Berlin, sorte de base de données reposant sur le fichage systématique des détenus et utilisant le prin- cipe de cartes perforées avec un codage précis en fonction notamment des professions et des aptitudes des détenus (programme Hollerith). Au cours des cinq derniers mois de la guerre, des centaines de milliers de travailleurs for- cés sont employés à des projets qui n avaient plus aucun sens du point de vue stratégique. La mortalité dans les camps est alors effroyable, notamment au camp satellite d Ellrich où elle atteint même les 85 % pour les 8 000 détenus qui ont été astreints au creusement de gale- ries. Globalement, et principalement en raison des conditions inhumaines de traitement des détenus (sous-nutrition, violence, cadences de travail, etc.), jamais la productivité des camps n atteignit la moitié de celle des ouvriers alle- mands libres. Davantage que des armes ou des biens essentiels pour l économie de guerre, le système des camps et le travail forcé ont produit la misère et la mort.
LE TRAVAIL FORCÉ AU SERVICE DE LA MACHINE DE GUERRE NAZIE Depuis 1942 et les premiers revers militaires allemands, auxquels s ajoutaient les bombarde- ments systématiques des centres de production du Reich, la nécessité d augmenter le potentiel de main-d œuvre ne cesse de croître. Les rêves brisés de pouvoir disposer de larges territoires prospères colonisés à l Est obligent à développer la production d armement et à impliquer plus intensément les KL dans le processus. Fin 1944, les politiques de recrutement de travailleurs diri- gées par Fritz Sauckel, surnommé « le négrier du Reich », ont conduit près de dix millions d étran- gers sur le territoire nazi. La grande majorité provient des territoires de l Est, de Pologne et d Ukraine, et, dans une moindre mesure d hommes et de femmes arrivés de l ouest de l Europe, en particulier de France. Les premiers travailleurs forcés sont les plus mal traités, soumis à un marquage spécifique qui rappelle celui des camps de concentration dont beaucoup seraient finalement déportés, grossissant un peu plus la main-d œuvre à la disposition de la SS. Début 1945, alors que la population concen- trationnaire a doublé en moins d un an pour atteindre plus de 706 000 détenus, une très large proportion est employée dans des camps satel- lites (Kommandos) dont le nombre augmente de manière exponentielle (plus de 560 en janvier 1945). Beaucoup sont installés à proximité des usines et des chantiers en construction. La situa- tion accentue considérablement la présence des « rayés » au sein des entreprises, et donc leur visibilité par la population allemande. Le programme secret d installation souterraine de la production des missiles V2, mené fin 1943 à Dora, s est étendu rapidement à toute l industrie
▼ Les prisonniers au travail derrière la caserne SS de Neuengamme. © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / image BPK